Les banques d’investissement Goldman Sachs et JPMorgan ont commencé à proposer à leurs clients des instruments dérivés (contrats financiers dont la valeur dépend d’un actif) liés à la monnaie russe, a rapporté Bloomberg. Selon l’agence de presse américaine, cette activité financière n’est pas interdite par les sanctions, car elle ne suppose pas de livraison «physique» d’actifs russes (c’est-à-dire aucun échange réel de titres ou de devises) et n’implique pas non plus la participation de ressortissants russes.
Ces instruments dérivés permettent aux investisseurs de parier sur la hausse du rouble, qui s’est renforcé de près de 20 % face au dollar depuis le début de l’année. Il s’agit de contrats à terme sans livraison (appelés NDF pour Non-Deliverable Forwards), qui permettent à deux parties de se protéger contre les variations du cours du rouble sans avoir besoin d’échanger réellement cette devise (c’est-à-dire qu’il n’y a pas de transfert effectif de roubles).
Bloomberg avait déjà indiqué qu’il y avait un intérêt croissant de la part d’investisseurs étrangers pour les actifs russes. Cet intérêt s’est accru avec l’espoir d’un allègement des sanctions américaines et la possibilité que les investisseurs étrangers aient de nouveau accès au marché russe.
Le commerce de NDF n’était déjà pas interdit auparavant, mais, selon les informations de Bloomberg recueillies auprès de Paul McNamara, gestionnaire de portefeuille (personne qui gère et investit l’argent d’autrui) chez GAM UK, les banques publient aujourd’hui plus activement des cotations (des prix de référence) qu’avant.
Les instruments mentionnés par les sources de l’agence de presse américaine incluent des obligations (titres de dette émis par une entreprise ou un État pour se financer) en dollars et en euros de grandes entreprises russes comme Gazprom (géant gazier) et Lukoïl (société pétrolière), ainsi que des obligations d’État russes. D’après la source anonyme de Bloomberg, les repères de prix (prix habituels du marché) pour ces obligations libellées en dollars et en euros ont «augmenté ces dernières semaines», mais les écarts entre les prix d’achat et de vente (spreads) restent très élevés, ce qui reflète une faible liquidité (peu d’acheteurs et de vendeurs actifs) de ces instruments.