«Les mots ont un sens et de tels propos sont inacceptables. Ces accusations contre notre compagnie, qui conduit ses opérations dans le strict respect de la politique de l'Union européenne et des mesures de sanctions européennes applicables, sont particulièrement graves et infondées à la lumière des explications que nous avons apportées» : c'est en ces termes que TotalEnergies a réagi, ce 30 mars auprès de l'AFP, aux accusations de «complicité de crimes de guerre», via une contribution indirecte à l'effort de guerre russe, dans le contexte de l'opération militaire lancée par la Russie en Ukraine fin février 2022.
Les mots ont un sens et de tels propos sont inacceptables
Le groupe pétrolier dénonce des attaques «outrancières», «diffamatoires» et «infondées».
La veille, deux associations plaignantes originaires de Bordeaux et d'Ukraine, Darwin Climax Coalition et Razom We Stand, avaient déposé une plainte avec constitution de partie civile pour tenter d'obtenir la désignation d'un juge d'instruction pour enquêter sur TotalEnergies, qu'elles accusent de «complicité de crimes de guerre» russes en Ukraine.
Cette procédure permet d'obtenir de manière quasi-automatique la désignation d'un juge d'instruction.
Une première plainte classée sans suite
Les deux associations avaient déposé une première plainte en octobre, classée sans suite le 10 janvier par le Parquet national antiterroriste (Pnat), compétent en la matière. Un recours devant le procureur général de la cour d'appel de Paris a lui aussi été écarté le 27 février.
«Le refus de la justice d'enquêter ne s'explique pas au vu du faisceau très lourd d'indices dont nous disposons et du caractère très détaillé de la plainte», affirment les avocats de ces associations, William Bourdon, Vincent Brengarth et Henri Thulliez.
Selon la nouvelle plainte dont l'AFP a eu connaissance, «en continuant d'exploiter un gisement» produisant du condensat de gaz ensuite transformé en carburant après le lancement de l'offensive russe de l'Ukraine le 24 février, TotalEnergies a «contribué à fournir au gouvernement russe les moyens nécessaires à la commission des crimes de guerre» dans ce pays, selon les accusations des associations.
Pour rappel, Kiev et ses alliés occidentaux ont accusé la Russie de crimes de guerre depuis le début du conflit. En outre, la Cour pénale internationale a émis un mandat d'arrêt contre le président russe Vladimir Poutine, le considérant comme «présumé responsable de crime de guerre» en Ukraine. Les autorités russes ont rejeté toutes les accusations de ce type, assurant entre autres ne pas viser les civils. A l'inverse, Moscou a accusé à plusieurs reprises les forces ukrainiennes de crimes de guerre, notamment d'exécutions sommaires de prisonniers de guerre russes.