«Je garderai évidemment des amendements de l'opposition», a déclaré le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, interrogé ce 17 octobre sur les ondes de RMC/BFMTV, au sujet des débats parlementaires houleux pour le vote du budget 2023. Il s’est notamment déclaré favorable à une baisse d’impôts pour les PME proposée par le MoDem, via un relèvement du seuil d’imposition.
Il a aussi annoncé que le gouvernement regarderait «avec bienveillance» la proposition du député LR Marc Le Fur de réviser à la hausse la valeur maximale du ticket restaurant à 13 euros.
Il a en revanche rejeté l'amendement sur une taxation plus forte des «super-dividendes». Cette mesure proposée par les alliés MoDem de la majorité présidentielle, contre l'avis du gouvernement, vise, par la majoration temporaire d'une taxe, à dissuader les grandes entreprises de distribuer aux actionnaires des rémunérations exceptionnelles.
Elle a d’ailleurs été adoptée le 12 octobre en première lecture, lors de l’examen du projet de loi de finances (PLF) pour 2023, par 227 voix contre 88, grâce notamment au soutien des groupes politiques de gauche membres de la Nupes et à celui du RN, ainsi que par 19 députés macronistes de Renaissance.
Lors de son entretien sur RMC/BFMTV, le ministre a jugé cet amendement «profondément injuste» parce qu'il serait sans effet sur les personnes morales et les personnes physiques domiciliées à l'étranger.
«Je ne vois pas pourquoi on augmenterait l'impôt du salarié qui a des actions et qu'on n'augmenterait pas l'impôt de la holding ou du fonds d'investissement qui a exactement les mêmes actions et qui va les revendre : je trouve ça profondément injuste», a affirmé Bruno Le Maire.
Ne comptez pas sur moi pour distribuer les bons et les mauvais points aux patrons français
«La deuxième raison, c'est que ça ne s'applique qu'aux entreprises françaises, comme toujours et pas aux entreprises étrangères. Cela veut dire que l'investisseur français aura davantage intérêt à acheter des actions d'Amazon, parce qu'elles seront taxées à 30%, que des actions de Danone ou d'un groupe français parce qu'elles seront taxées à 35%», a-t-il ajouté.
En revanche, le ministre a botté en touche lorsque la journaliste Amandine Atalaya lui a demandé s’il approuvait l’augmentation de près de 52% accordée au patron de TotalEnergies, Patrick Pouyanné. En 2021, sa rémunération brute «à titre de l'exercice» a été portée à près de 6 millions d’euros, notamment grâce à l’attribution de 90 000 actions valorisées pour près de 2 millions d’euros.
«Ne comptez pas sur moi pour distribuer les bons et les mauvais points aux patrons français», a-t-il répondu. Des mauvais points, il en a revanche distribués au syndicat CGT, accusé d’avoir décidé «le blocage du pays».