France

«Insupportable !» : les dividendes versés par TotalEnergies à ses actionnaires irritent la gauche

Fort de sa bonne santé économique, le groupe a annoncé verser une rétribution exceptionnelle à ses actionnaires. Une décision qui a été vivement condamnée par la gauche, en plein débat sur les superprofits des grandes entreprises.

«Une politique attractive de retour à l’actionnaire» permise par «l'évolution des marchés du pétrole, du gaz et de l'électricité» : C'est ainsi que le géant des hydrocarbures TotalEnergies a commenté, dans un communiqué paru le 28 septembre, sa décision de verser à ses actionnaires un «acompte sur dividende exceptionnel» à hauteur de 2,62 milliards d'euros, sur la base d'un «bilan très solide». L'annonce du groupe, en plein milieu d'un mouvement de grève déclenché dans les raffineries françaises afin de réclamer une augmentation des salaires, n'est pas passé inaperçue.

«Insupportable !», a condamné le député insoumis de Marseille Manuel Bompard, ne manquant pas de souligner que l'annonce intervient «en plein débat» sur la taxation des superprofits, et renvoyant à la pétition initiée par la Nupes sur ce sujet.

«Leur indécence est sans limite», a également dénoncé la présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot, en apportant son soutien aux salariés de TotalEnergies en grève pour obtenir des hausses de salaires. Selon elle, il convient de taxer ces profits et de cesser de «remplir les poches des actionnaires et des nantis».

«Vous voyez ce que c'est maintenant les superprofits, Bruno Le Maire ?», a ironisé le Parti socialiste, en référence aux propos du ministre de l'Economie tenus fin août durant l'université d'été du Medef. Il avait alors déclaré «ignorer ce qu'est un superprofit».

«Mais le patron de Total ne sait pas ce qu’est un super-profit…», s’est également moqué le député européen Raphaël Glucksmann, rebondissant cette fois sur les propos tenus par Patrick Pouyanné lors de son audition par la mission-flash de l'Assemblée nationale. «Je ne sais pas définir un surprofit», avait alors déclaré le PDG du groupe.

«Apparemment, tout va bien pour Total et ses actionnaires...», a réagi de son côté l'ONG Oxfam qui était déjà montée au créneau après l'audition du dirigeant, plaidant en faveur d'une taxe sur les superprofits mise en place dans certains pays européens.

«Pas de sobriété énergétique pour les actionnaires de Total», a fait remarquer le journaliste de Marianne Jack Dion, mettant en perspective la décision de l'entreprise avec l'appel à la «sobriété» lancé par Emmanuel Macron début septembre et relayé depuis par les membres du gouvernement.

«La moindre des choses c’est qu’ils offrent un col roulé à chaque membre du gouvernement», a commenté sur un ton humoristique le député insoumis de Toulouse François Piquemal, taclant une autre déclaration de Bruno Le Maire encourageant le port de cols roulés pour contribuer aux économies d'énergie encouragées par le gouvernement.

Dans une partie moins commentée de son communiqué, TotalEnergies a aussi annoncé qu'il allait renforcer ses investissements dans les énergies renouvelables : ceux dans le solaire et l'éolien doivent ainsi dépasser le seuil des 4 milliards de dollars dès 2022, au lieu de 3 milliards de dollars en 2021. «Un programme d'un milliard de dollars d’économies d’énergie sera déployé à l’échelle mondiale en 2023-2024 pour contrôler les coûts de l’énergie consommée et accélérer la baisse des émissions», a ajouté le groupe, affirmant être une compagnie «aujourd'hui beaucoup plus profitable qu’il y a dix ans».

Auditionné le 21 septembre à l'Assemblée nationale dans le cadre de la mission-flash dédiée aux superprofits des grandes entreprises, de secteurs clés (énergie, carburant, transport maritime), le PDG de TotalEnergies avait tenté de tordre le cou à l'idée selon laquelle le groupe aurait réalisé des profits démesurés. Il avait mis l'accent sur la volatilité des prix, et rappelé que la rentabilité de l'entreprise avait été nettement moindre durant la crise sanitaire, ce qui avait alors suscité moins de commentaires.