Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a ouvert, le 1er décembre, les travaux de la rencontre de haut niveau du « Processus d’Oran » consacrée à la paix et à la sécurité en Afrique, organisée à Alger en coopération avec l’Union africaine. Dans son discours d’ouverture, le chef de la diplomatie algérienne a transmis les salutations du président Abdelmadjid Tebboune, saluant l’inscription durable de ce mécanisme dans l’agenda de l’Union africaine et de son Conseil de paix et de sécurité.
Ahmed Attaf a rappelé que le Processus d’Oran vise, depuis sa création, à renforcer la coordination des positions africaines au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. Il s’est félicité du fait que les trois pays africains siégeant actuellement au Conseil de sécurité forment désormais un bloc unifié, exprimant une position commune au nom du continent, et non des approches nationales isolées.
Le ministre a estimé que cette évolution constitue un acquis majeur pour l’Afrique, lui permettant de défendre ses priorités d’une seule voix sur les questions de paix et de sécurité internationales. Il a salué, dans ce cadre, l’action conjointe de l’Algérie avec la Somalie et la Sierra Leone durant leur mandat au Conseil de sécurité, avant de souhaiter plein succès à la République démocratique du Congo et au Libéria, appelés à prendre le relais.
Un contexte mondial « profondément instable »
Abordant la conjoncture internationale, Ahmed Attaf a décrit un contexte mondial « profondément instable », marqué par la polarisation, les conflits et la remise en cause de principes fondamentaux tels que le droit international, le multilatéralisme et le rôle central des Nations unies. Selon lui, cette situation exerce une pression supplémentaire sur l’Afrique, dans un contexte de recul de l’attention internationale portée aux crises du continent.
Le ministre a évoqué plusieurs foyers de tension persistants, notamment le conflit au Soudan, entré dans une troisième année, la crise libyenne, qu’il a qualifiée d’oubliée sur les plans régional et international, ainsi que la situation du Sahara occidental, rappelant que ce territoire demeure inscrit depuis plus de six décennies sur la liste onusienne des territoires à décoloniser.
Il a également alerté sur la dégradation des conditions sécuritaires dans la région du Sahel, marquée par l’instabilité politique, la recrudescence du terrorisme et la multiplication des changements anticonstitutionnels de gouvernements, ainsi que dans les régions des Grands Lacs et de la Corne de l’Afrique.
Des solutions africaines aux problèmes africains
Face à ces défis, Ahmed Attaf a plaidé pour une réactivation du rôle diplomatique africain et pour la promotion de solutions « africaines aux problèmes africains », reposant sur l’appropriation, la médiation, la prévention et la coordination entre États du continent, avec l’appui de la communauté internationale.
Selon lui, l’affaiblissement de l’initiative africaine dans la gestion des crises a favorisé l’expansion des interventions extérieures. Il a appelé à corriger cette tendance par un engagement collectif renforcé, un dialogue constant entre les parties en conflit et des initiatives de médiation adaptées aux réalités locales.
En conclusion, le ministre algérien a invité les États africains à faire de cette nouvelle édition du Processus d’Oran une occasion de renouveler leur engagement en faveur de l’unité diplomatique du continent, du plaidoyer commun au sein des instances internationales et de la fin de la marginalisation de l’Afrique dans les centres de décision mondiaux.