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Sénégal : commémoration du 81ᵉ anniversaire du massacre de Thiaroye

Le Sénégal commémore, ce 1er décembre, le 81ᵉ anniversaire du massacre des Tirailleurs sénégalais de Thiaroye. La cérémonie officielle, placée sous le haut patronage du président Bassirou Diomaye Faye, se déroulera à Dakar en présence de plusieurs chefs d’État, dont le président gambien Adama Barrow.

Le Sénégal s’apprête à rendre hommage, ce 1er décembre, aux victimes du massacre de Thiaroye, perpétré le même jour de l’année 1944 dans un camp militaire de la banlieue de Dakar. Pour cette deuxième édition officielle de la commémoration, le président de la République de Gambie, Adama Barrow, est attendu dans la capitale sénégalaise, selon des sources officielles.

Selon la présidence gambienne, ce dernier quittera Banjul le 30 novembre à la tête d’une délégation officielle, à l’invitation du chef de l’État sénégalais, Bassirou Diomaye Faye.

Un épisode douloureux de l’histoire coloniale africaine

Le massacre de Thiaroye constitue l’un des épisodes les plus douloureux de l’histoire coloniale africaine. À l’aube du 1er décembre 1944, entre 1 200 et 1 800 Tirailleurs africains, originaires de 17 territoires coloniaux français, furent tués par environ 1 200 hommes des troupes coloniales et de la gendarmerie française. Ces anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale réclamaient le paiement de leurs soldes et indemnités après leur rapatriement.

Lors du Conseil des ministres du 19 novembre, le président Faye a demandé au gouvernement de « prendre toutes les dispositions pratiques » pour garantir le bon déroulement des cérémonies et de « poursuivre le travail de recherche scientifique » destiné à établir toute la vérité sur ce drame.

Dans ce cadre, un Comité de commémoration a été installé le 14 novembre. Il est chargé du suivi des engagements de l’État, de la réhabilitation du site de Thiaroye, de la diffusion du Livre blanc sur le massacre, ainsi que de l’intégration de cet épisode dans les programmes scolaires.

Des résultats encourageants des fouilles archéologiques

Les récentes fouilles archéologiques menées sur le site ont livré des résultats qualifiés « d’extrêmement encourageants » par le professeur Moustapha Fall, président de la sous-commission archéologie. Les chercheurs ont confirmé l’existence de sépultures multiples et mis en doute la version officielle coloniale selon laquelle seules 34 victimes auraient été enterrées. Les investigations ont également révélé la présence de gradés parmi les corps, parfois porteurs d’insignes, ainsi que la découverte d’un individu retrouvé enchaîné. Plusieurs types d’inhumations ont été identifiés, suggérant différentes formes de mise à mort.

Dans une volonté de pérenniser le travail de mémoire, le chef de l’État sénégalais a annoncé cinq mesures majeures : l’érection d’un mémorial à Thiaroye, la création d’un centre de documentation, le baptême de rues et de places, l’enseignement de cette histoire dans les établissements scolaires et l’institution d’une Journée nationale du Tirailleur célébrée chaque 1er décembre.

Des Tirailleurs africains

La première édition de cette commémoration, organisée en 2024, avait réuni plusieurs chefs d’État africains, notamment ceux de la Mauritanie, des Comores, de la Gambie, de la Guinée-Bissau et du Gabon, et avait bénéficié d’un important écho international.

Si on les a longtemps appelés « Tirailleurs sénégalais », ces soldats provenaient de 17 territoires de l’empire colonial français, aujourd’hui devenus des États indépendants, parmi lesquels le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, le Mali, le Niger, le Tchad et Madagascar.