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Coup d'État en Guinée-Bissau : l'armée prend le pouvoir (VIDÉO)

L'armée bissau-guinéenne a pris le contrôle du pays, suspendant la Constitution et le processus électoral. Elle justifie cette intervention par la découverte d'un «plan de déstabilisation» impliquant des politiciens, un baron de la drogue et des étrangers. Un commandement militaire a été créé pour assurer la sécurité nationale et rétablir l'ordre.

L'armée bissau-guinéenne « assume les pleins pouvoirs de la République de Guinée-Bissau » et crée un commandement militaire pour contrôler le pays, a déclaré Dinis N'Tchama, chef de la Maison militaire du président de la République dans un communiqué télévisé le 26 novembre. L'armée du pays suspend la Constitution et le processus électoral en cours jusqu'à ce que les conditions favorables soient créées pour un retour à la vie normale.

« Profondément attaché aux valeurs de sécurité nationale, de paix civile, de protection de l’intégrité territoriale et d’indépendance de la Guinée-Bissau, le Haut commandement militaire pour le rétablissement de la sécurité nationale et de l’ordre public réagit à la découverte d’un plan en cours visant la déstabilisation de notre pays, pour lequel un schéma opérationnel avait été mis en place par certains politiciens nationaux, avec la participation d’un célèbre baron de la drogue et de ressortissants étrangers, incluant la tentative de truquer les élections », a indiqué le communiqué.

Un entrepôt d’armes militaires pour mettre en œuvre ce plan a été découvert par le service d’information de l’État, précise le communiqué. « Toute la situation doit être clarifiée et alignée sur les conditions d’un retour complet à la normalité constitutionnelle », a ajouté le militaire.

Plus tôt dans la journée, l'AFP avait fait état de tirs près du palais présidentiel de Bissau, alors que des vidéos montrant des civils quittant le quartier sous les coups de feu avaient été publiées sur les réseaux sociaux. Le président sortant Umaro Sissoco Embaló, candidat à un nouveau mandat, a déclaré à Jeune Afrique qu'il avait été arrêté vers midi dans son bureau. Sputnik Afrique, citant une source, a rapporté que le candidat à la présidence bissau-guinéenne Fernando Dias da Costa et l'homme politique Domingos Simões Pereira avaient été emmenés dans une base aérienne.

RIA Novosti, citant l'ambassade de Russie en Guinée-Bissau, a signalé que le bâtiment de la commission électorale centrale du pays avait été pris sous contrôle par des hommes armés en uniforme. Toutefois, aucune information précise n'est disponible sur la situation d'Umaro Sissoco Embaló dans le contexte tendu qui règne dans la capitale. L'ambassade de Russie dans le pays a été mise en état d'alerte maximale.

La mise en place d'un commandement militaire dans le pays intervient après la tenue des élections présidentielles en Guinée-Bissau le 23 novembre. Le président sortant a annoncé sa victoire avec 65 % des voix, les résultats officiels devant être publiés le 27 novembre. Le scrutin s'est déroulé dans le calme, mais le leader de l'opposition, Domingos Simões Pereira, n'a pas été autorisé à se présenter. Le candidat de l'opposition, Fernando Dias da Costa, a également annoncé sa victoire.