Un prêtre français, le père Antoine Exelmans, fait l’objet d’une enquête pour abus sexuels présumés sur de jeunes migrants à Casablanca, au Maroc. L’affaire a été révélée début novembre 2025 par le site marocain Enass.ma, puis confirmée par le diocèse de Rennes, dont il dépend.
Selon Enass.ma, six victimes présumées – cinq originaires de Guinée et une du Cameroun – auraient subi des abus sexuels alors qu’elles étaient mineures, dans le cadre du service d’accueil des migrants de l’église Notre-Dame-de-Lourdes de Casablanca. Trois d’entre elles ont été entendues par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), sur instruction du parquet de la cour d’appel de Casablanca, qui a ouvert une enquête en mai 2024.
Le diocèse de Rennes indique pour sa part que quatre adultes et un mineur ont signalé des faits auprès de l’archevêché de Rabat. Le père Exelmans a reconnu les abus dans le cadre d’une enquête canonique – interne à l’Église – menée par l’archevêché de Rabat, dont les conclusions ont été transmises au Vatican.
Enquêtes et sanctions ecclésiastiques
À la suite de cette enquête interne, un « précepte pénal » a été prononcé par le diocèse de Rennes le 20 mars 2025 : le prêtre est désormais soumis à un suivi psychologique, interdit de célébrer les sacrements en public et de tout contact avec des mineurs ou des migrants sans supervision. L’Église affirme également avoir pris en charge la scolarisation et le suivi psychologique d’une des victimes identifiées.
De son côté, l’archevêque de Rabat, le cardinal Cristobal Lopez Romero, avait informé les fidèles dès juillet 2024 de l’ouverture d’une enquête canonique, précisant que le prêtre s’était retiré en France. L’archevêché a démenti toute « fuite », assurant qu’il se trouve actuellement assigné à résidence dans une communauté jésuite à Saint-Étienne, où il reste à la disposition des autorités.
Un engagement salué, puis mis en cause
Ordonné en 1993, Antoine Exelmans, 51 ans, était connu pour son engagement auprès des migrants. Après des missions en Bretagne et en République centrafricaine, il avait été envoyé au Maroc en 2016 comme prêtre Fidei donum, d’abord à Oujda, puis à Casablanca à partir de 2021, où il dirigeait le service d’accueil d’urgence des personnes migrantes.
Il s’était fait remarquer par son implication humanitaire et avait reçu en 2020 le prix d’Aix-la-Chapelle pour la paix. Des paroissiens et bénévoles évoquent aujourd’hui un homme « dévoué », souvent entouré de jeunes migrants qu’il hébergeait et accompagnait personnellement.
Des zones d’ombre subsistent
L’enquête évoque un système d’exploitation mis en place par le prêtre, qui aurait isolé certains jeunes et abusé de leur fragilité psychologique. Ces éléments restent en cours de vérification judiciaire. Selon plusieurs sources, le parquet de Casablanca poursuit l’instruction ouverte au printemps 2024, tandis que la police française a également entendu le prêtre.
L’Église au Maroc dit coopérer pleinement avec les autorités. Les diocèses de Rabat et de Rennes ont appelé toute personne disposant d’informations à se manifester auprès de la police ou des structures d’écoute.