Depuis sa ville natale de Garoua, dans le nord du Cameroun, Issa Tchiroma a pris tout le pays de court le soir du 13 octobre en se déclarant vainqueur de l’élection présidentielle du 12 octobre. Dans une vidéo diffusée sur Facebook, le candidat de 76 ans a estimé que « la victoire du peuple est claire et doit être respectée », invitant le président Paul Biya à « honorer la vérité des urnes ».
Ancien ministre de l’Emploi et porte-parole du gouvernement avant de rompre avec le pouvoir en début d’année, Tchiroma a su fédérer autour de lui une coalition de partis d’opposition et d’organisations de la société civile. Son discours de campagne, centré sur la fin du règne du chef de l’État, âgé de 92 ans, a trouvé un écho particulier dans un pays marqué par la stagnation économique, l’insécurité persistante et plus de quatre décennies de pouvoir ininterrompu.
« Durant cette campagne, j’ai vu un Cameroun debout », a-t-il lancé dans son allocution, saluant les électeurs qui ont « bravé les menaces et affronté les intimidations » pour protéger leurs voix jusqu’au bout de la nuit. Dans un ton empreint de gravité, il a remercié les Camerounais « d’avoir cru au changement » et a rendu hommage à « tous ceux qui ont protégé leur vote ».
Unité et retenue
Alors que la loi électorale camerounaise autorise l’affichage public des résultats dans les bureaux de vote, la proclamation officielle relève du Conseil constitutionnel, qui dispose jusqu’au 26 octobre pour valider le scrutin. Le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a d’ailleurs rappelé le week-end dernier que toute publication unilatérale des résultats constituerait un acte de « haute trahison ».
Mais Tchiroma, visiblement confiant, affirme détenir des compilations des résultats région par région « conformément à l’article 113 du code électoral ». Il promet de les publier prochainement, assurant que ces chiffres traduisent « une victoire écrasante » et « une sanction claire du régime en place ».
Dans son discours, le candidat a multiplié les appels à l’unité et à la retenue. « J’appelle toutes les institutions et autorités à ne pas se rendre ennemies du peuple qu’elles sont censées servir », a-t-il déclaré, exhortant les forces armées à « rester du côté de la République et de la paix ». À la jeunesse, il a lancé : « L’avenir vous appartient », tout en promettant une ère nouvelle marquée par la réconciliation nationale et la refondation des institutions.