Afrique

AES–Union africaine : coopération et lutte antiterroriste au cœur des discussions

Les ministres des Affaires étrangères de l'AES ont rencontré le président de la Commission de l'Union africaine, en marge de la 80ᵉ session de l'Assemblée générale de l’ONU, pour renouer le dialogue et discuter de la coopération entre les deux organisations africaines, notamment sur la lutte contre le terrorisme.

Les ministres des Affaires étrangères de l’Alliance des États du Sahel (AES), Abdoulaye Diop (Mali), Bakary Yaou Sangaré (Niger) et Karamoko Jean-Marie Traoré (Burkina Faso) ont rencontré le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Mahmoud Ali Youssouf, au siège des Nations unies, en marge de la 80ᵉ Assemblée générale, à New York, le 23 septembre. La rencontre a été l’occasion pour les deux parties d’échanger sur les perspectives de coopération après une période trouble, marquée par des incompréhensions et un déficit de dialogue et de communication, explique la presse nigérienne.

Outre la question de la coopération entre l’UA et l’AES, les deux organisations ont spécifiquement discuté de la question sécuritaire et de la lutte contre le terrorisme dans la sous-région africaine.

Les chefs de la diplomatie de l’AES ont exposé les attentes de leurs pays vis-à-vis de l’Union africaine dans le contexte de la crise qui persiste dans la région, rappelant que les décisions de l’UA doivent tenir compte des circonstances réelles et non de principes abstraits. Ils ont salué la dynamique instaurée par Mahmoud Ali Youssouf, qui a dépêché des missions de l’institution panafricaine pour s’immerger dans la réalité des pays de l’AES et étudier la situation sur le terrain.

« Corriger les erreurs d’appréciation »

Karamoko Jean-Marie Traoré, ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, a déclaré : « Il faut nécessairement corriger les erreurs d’appréciation à travers une immersion dans notre environnement, une proximité entre les décideurs et le terrain, et sortir du narratif porté par des personnes qui ne sont pas en contact avec nous. Avec le terrorisme, c’est toute l’Afrique qui est concernée, pas seulement le Sahel. Nous devons le combattre à travers une approche réaliste. On ne saurait parler de terrorisme sans les pays de l’AES ; même suspendus, on ne doit pas parler de nous sans nous. »

Les ministres de l’AES ont déploré l’absence d’un soutien réel et d’une solidarité agissante de la communauté internationale vis-à-vis du Mali, du Niger et du Burkina Faso. À leur sens, si le terrorisme persiste toujours dans la région, c’est en grande partie à cause de l’ingérence et du soutien de certaines puissances étrangères, avec des relais dans des pays voisins de l’AES.

La Commission de l’UA promet de soutenir l’AES

Pour sa part, le président de la Commission de l’UA a déclaré avoir pris note des préoccupations des ministres des pays de l’AES, promettant des efforts d’adaptation des textes et des décisions de l’Union africaine, sous sa direction, aux réalités nationales et d’éviter l’isolement des États membres de l’AES. « La Commission que je préside continuera à soutenir et à conseiller l’AES, mais aussi à prendre en compte ses critiques. Nous allons avancer ensemble », a promis Mahmoud Ali Youssouf.

L’engagement du président de la Commission de l’UA rejoint la position du nouveau chef de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et président de la Sierra Leone Julius Maada Bio, qui a soutenu la lutte contre le terrorisme dans les pays du Sahel plus tôt en ce mois de septembre, lors des négociations engagées avec le chef d’État burkinabè, Ibrahim Traoré.