L’agence de notation américaine, Fitch Ratings, a déclaré dans un communiqué publié le 12 septembre avoir relevé la note de défaut émetteur (IDR) à long terme de la Tunisie, en devises et en monnaie locale, de « CCC+ » à « B- » avec une perspective stable. La nouvelle note indique certes une amélioration de la position extérieure du pays et une résilience de ses flux financiers, mais souligne cependant la persistance de la vulnérabilité tant du budget que de la dette aux chocs extérieurs.
Fitch Ratings a expliqué la nouvelle note par une amélioration de la position extérieure de la Tunisie, avec le recul des déficits courants (CAD) et la résilience des investissements directs étrangers (IDE) nets, ainsi que des décaissements de partenaires multilatéraux et bilatéraux, qui contribuent à la résilience des réserves internationales et soutiennent une liquidité extérieure suffisante. L’agence a cependant souligné que les notes du pays sont limitées par un accès toujours limité au financement extérieur en l'absence d'accès au marché et une grande vulnérabilité du budget et des comptes extérieurs aux chocs des prix des matières premières, en l'absence d'une réforme des subventions.
Les autres éléments qui renforcent la confiance de Fitch Rating
L’agence américaine a cité un ensemble de raisons justifiant une meilleure confiance dans le potentiel économique tunisien, notamment avec la réduction du déficit courant qui devrait se hisser à 2,2 % du produit intérieur brut (PIB) en 2025 et 2,8 % en 2027, alors qu’il n’était que de 1,5 % du PIB en 2024. Ces seuils sont inférieurs à la moyenne de 7,9 % relevée entre les années 2010 et 2022, et ce, grâce à de meilleures performances de services comme le tourisme et aux transferts de fonds effectués par la diaspora tunisienne qui sont passés de 4 % du PIB en 2018 à 6 % en 2023‑2024.
Fitch Ratings anticipe un rebond des investissements directs étrangers (IDE) nets, qui étaient de 1,4 % du PIB en 2024, alors qu’ils avaient une moyenne de 2,1 % du PIB entre 2010 et 2019. Pour le premier semestre 2025, l’agence prévoit une hausse de 54 % en dollars américains par rapport à la même période de l’année précédente. Les décaissements des partenaires multilatéraux et bilatéraux, représentant 2,2 % du PIB en 2024, devraient également se poursuivre.
En matière d’allégement progressif des remboursements extérieurs, les sorties nettes de financement externe devraient reculer de 3,7 % du PIB en 2024 à 1 % en 2027. La Tunisie doit rembourser son unique euro-obligation, d’un montant de 700 millions d’euros, qui arrivera à échéance en juillet 2026. Selon Fitch Rating, les réserves internationales sont suffisantes pour garantir le remboursement dans la mesure où le pays devrait disposer de 3,9 mois de paiements extérieurs en 2027, contre 4,5 mois en 2024.
Des besoins de financement budgétaire élevés
Si les besoins de financement budgétaire sont élevés pour la Tunisie, Fitch Ratings prévoit cependant qu’ils devraient reculer progressivement de 18 % du PIB en 2024 à 16 % en 2025, 15 % en 2026 et 13,5 % en 2027, hors refinancement de dettes à court terme. Ce niveau reste tout de même largement supérieur à la médiane des pays notés « B » établie à 8 % du PIB.
La stabilité des amortissements intérieurs est en partie due aux prêts à taux zéro, d'une durée de dix ans avec un différé d'amortissement de trois ans, accordés par la banque centrale au gouvernement, équivalent à 4,4 % du PIB en 2024 et à 4,1 % du PIB en 2025. Selon l’agence, le gouvernement aura besoin de 9 % du PIB en financement intérieur à long terme.
Amortissement de la dette extérieure et dette publique élevée
Les amortissements de la dette extérieure devraient reculer à 3,8 % en 2027 au lieu de 5,8 % du PIB en 2024. La masse salariale publique, stable, représente 13,9 % du PIB en 2024 et devrait s’établir à 13,5 % du PIB en 2027. Le coût des subventions devrait baisser de 0,6 point de PIB en 2026, dans le cas d’une hypothétique baisse des prix des matières premières.
La dette publique, qui demeure élevée, a légèrement reculé, de 84,5 % du PIB en 2024 à 83 % en 2025. Fitch souligne toutefois que la rigidité budgétaire et la forte dépendance du budget aux salaires, aux intérêts et aux subventions limitent la marge de manœuvre face aux chocs externes et aux fluctuations des prix mondiaux.