Le vendredi 12 septembre 2025, l'agence de notation Fitch a abaissé la note de la dette souveraine de la France, passant de « AA- » à « A+ », avec une perspective stable. Cette décision, très attendue à Paris, reflète les inquiétudes croissantes sur l'état des finances publiques françaises et l'instabilité politique qui paralyse le pays.
C'est la première fois depuis 2012, après la perte du « triple A » sous Nicolas Sarkozy, que la France subit une telle dégradation, quittant le club des « double A ». Fitch, qui évalue la solvabilité des États sur une échelle de AAA (meilleure note) à D (défaut), met en cause plusieurs facteurs aggravants pour justifier cette sanction.
Une situation économique identique à l'Italie ou l'Espagne
Le principal motif de cette rétrogradation est la dérive des finances publiques. La dette publique française dépasse désormais 3 300 milliards d'euros, soit environ 114 % du PIB, un niveau record qui compromet la soutenabilité budgétaire. Le déficit public, estimé à 5,4 % du PIB en 2025, est loin de respecter la règle européenne des 3 %.
Fitch exprime de sérieux doutes sur la capacité de la France à atteindre cet objectif d'ici 2029, comme l'espérait le gouvernement sortant. Cette situation est aggravée par une instabilité politique majeure : la chute du gouvernement après un vote de confiance manqué à l'Assemblée nationale, récemment dissoute, illustre une fragmentation croissante.
« La polarisation politique et la fragmentation réduisent la capacité du gouvernement à mettre en œuvre des réformes structurelles », note Fitch dans son rapport. Les marchés financiers, qui avaient anticipé cette dégradation, réagissent déjà. Les taux d'emprunt des obligations d'État françaises à 10 ans sont en hausse, reflétant une prime de risque accrue.
Moody's (évaluation prévue le 24 octobre) et Standard & Poor's (le 28 novembre) pourraient emboîter le pas si la situation ne s’améliore pas. Le gouvernement a réagi avec retenue. Éric Lombard, ministre de l'Économie démissionnaire, a pris acte sur X : « Fitch pointe la situation des finances publiques et l'incertitude politique, mais l'économie française reste solide. »
Il insiste sur les efforts du nouveau Premier ministre pour négocier un budget 2026 avec les forces politiques. Cependant, les ambitions de retour sous les 3 % de déficit semblent compromises par le climat politique tendu. Avec cette note « A+ », la France se retrouve au niveau de l’Italie ou de l’Espagne, mais la perspective stable indique que Fitch n’anticipe pas de dégradation immédiate supplémentaire.