Afrique

Contrebande des minerais en RDC : un rapport de l’ONU pointe l’implication d’un homme d’affaires rwandais lié au M23

Un rapport non publié de l’ONU, soumis au comité des sanctions du Conseil de sécurité, accuse une entreprise rwandaise d’avoir acquis du coltan de contrebande auprès du M23. Les revenus de ce commerce illégal ont alimenté le conflit dans l’est de la RDC et renforcé les soupçons de soutien rwandais à la rébellion.

Un rapport confidentiel de l’ONU, consulté par l’agence Reuters, pointe l’implication de l’entreprise rwandaise Boss Mining Solution dans l’achat des minerais de contrebande provenant de zones contrôlées par les rebelles du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).

Pour la première fois, une entreprise est explicitement citée dans un rapport de l’ONU pour sa complicité présumée dans le trafic de minerais pillés dans une région ravagée par des décennies de violences.

Boss Mining, dirigée par l’homme d’affaires rwandais Eddy Habimana – déjà identifié il y a dix ans comme trafiquant lié au M23 – aurait acquis une partie des 195 tonnes de minerai interceptées fin mars. Ni l’entreprise ni les rebelles n’ont réagi aux accusations.

« Des niveaux sans précédent »

Les rebelles du M23 ont pour objectif déclaré de renverser le gouvernement de Kinshasa et d'assurer la sécurité de la minorité tutsie congolaise. Ils font l’objet d’accusations, notamment de la part de l'ONU, de pillages des ressources naturelles de la RDC et de perpétrer des atrocités contre les civils, avec le soutien du Rwanda.

Selon le rapport onusien, les activités minières illégales auraient « atteint des niveaux sans précédent » dans les zones contrôlées par le M23, dans l’est de la RDC. Citant des sources diplomatiques qu’elle n’a pas nommées, Reuters a fait savoir que ce document a été soumis au comité des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU pour le Congo en début mai dernier, en attendant sa publication prochainement.

Réactions du Rwanda et de la RDC

Réagissant aux accusations onusiennes, Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement rwandais, a déclaré à Reuters le 2 juillet que le rapport « déforme les préoccupations sécuritaires de longue date du Rwanda » concernant les groupes rebelles hutus qui ont attaqué les Tutsis au Rwanda et au Congo, affirmant que cette menace « nécessite un dispositif défensif dans nos zones frontalières ».

Du côté congolais, l’agence de presse a indiqué que le porte-parole du gouvernement n'a pas répondu à ses questions dans l’immédiat. Plusieurs hauts responsables de la RDC ont cependant accusé le Rwanda à maintes reprises d'attiser le conflit pour piller les richesses minières du Congo.

Le commerce lucratif des minerais assume un rôle essentiel dans le financement des activités du M23 qui a pris le contrôle de vastes zones abritant les plus grands gisements de coltan dans l'est de la RDC, ainsi que des mines d'or, de cuivre, d'étain et de pierres précieuses.