Afrique

France-Algérie : réouverture des archives de la colonisation

La Commission mixte algéro-française sur l'histoire et la mémoire reprendra prochainement ses travaux à Paris, dans un contexte politique marqué par une désescalade des tensions entre l'Algérie et la France. Ces discussions surviennent après des tentatives diplomatiques, notamment un entretien téléphonique entre les présidents des deux pays.

«Nous nous rendrons à Paris pour récupérer les archives et non pour dialoguer ou discuter, ainsi que pour inspecter les zones du sud de la France où les sites d’archives n’ont pas été examinés», c'est ce qu'a indiqué le coprésident de la Commission mixte algéro-française sur l’histoire et la mémoire, Lahcen Zeghidi cité par le média El-Khabar.

La délégation algérienne aura pour mission d'inspecter les sites d'archives dans le sud de la France, zones qui n'ont pas encore été examinées lors des précédentes missions.

Quinze chercheurs par nation participeront à ces recherches conjointes, un geste significatif pour renforcer la coopération scientifique et historique, rapporte El Watan.

Lahcen Zeghidi a appelé la partie française à signer un décret présidentiel permettant de lever ces obstacles législatifs actuels qui considèrent les éléments transférés des colonies comme des propriétés de la France.

Toutefois, cette proposition a suscité des oppositions en France, où certains continuent de défendre la non-restitution de ces biens.

«Nous avons insisté pour qu'un décret présidentiel soit émis à cet égard, ce qui a suscité des réactions», a fait savoir El-Khabar citant les propos de Zeghidi.

Le responsable algérien a également évoqué lors de la cinquième réunion du comité, qui s’était tenue le 5 avril, la nécessité de relancer le débat sur la question des archives, proposant à ses homologues français de définir «un calendrier concret» pour la restitution des archives et des biens spoliés pendant la colonisation, y compris ceux datant de la période ottomane.

Ces archives représentent un enjeu historique majeur, tant pour la mémoire collective des Algériens que pour la réconciliation entre les deux nations, rapportent des médias algériens.

La délégation algérienne prête à récupérer les objets spoliés par la France

Le responsable algérien a rappelé que la partie algérienne s'appuie sur des rapports historiques et des témoignages d'experts pour soutenir ses revendications.

«Nous les avons mis face à la réalité sans aucune objection ou dénégation de la part de l'autre partie, et ils ont répondu à la pression de la partie algérienne», a conclu Zeghidi.

Un rapport du consul américain datant de la chute d'Alger, présenté par le Dr Ali Tablit, a notamment été utilisé pour renforcer l'argumentaire algérien. Les recherches menées par des historiens et des scientifiques algériens, qu'ils soient dans le pays ou dans la diaspora, ont permis de révéler des éléments jusque-là ignorés.

Un des points surprenants de cette enquête a été l’inventaire des biens algériens retrouvés dans plusieurs institutions françaises, telles que la Bibliothèque nationale et divers musées.

Ces objets, spoliés durant la période coloniale, incluent des archives papier et des armes, ainsi que des objets symboliques d’une grande importance pour l’Algérie, comme le burnous de l’Émir Abdelkader, son Coran et ses canons, a rapporté El-Khabar citant Zeghidi.

Paris-Alger : Renouer le dialogue 

Après des mois de crise entre la France et l'Algérie, le président algérien Abdelmadjid Tebboune et le président français Emmanuel Macron ont effectué, le 31 mars, un entretien téléphonique, au cours duquel ils ont «réitéré leur volonté de renouer le dialogue fructueux qu’ils avaient consacré avec la Déclaration d’Alger d’août 2022 et qui s’était traduit par des gestes forts en matière mémorielle».

Dans ce contexte, Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, entame, le 6 avril, une visite officielle à Alger, marquant ainsi un tournant dans la reprise des relations entre Alger et Paris, notamment autour de la question de la mémoire coloniale.