Le retrait des militaires français se poursuit au Tchad avec la rétrocession à l’armée tchadienne ce 11 janvier de la base d’Abéché dans l’est du pays, qui intervient après l’évacuation de la base de Faya-Largeau dans le nord et le décollage des avions de chasse de la base aérienne Adji Kossey de N'Djaména, la capitale.
La cérémonie s’est déroulée notamment en présence du ministre tchadien des Armées, Issakha Maloua Djamous. Abéché est la troisième ville la plus peuplée du Tchad après N'Djaména et Moundou. Cette ville a été particulièrement meurtrie par plusieurs massacres pendant la colonisation française, ont souligné des rapports de presse.
Le 26 décembre, la base de Faya-Largeau, au nord du pays, a été rétrocédée au Tchad par l’armée française. La prochaine et dernière étape est la rétrocession de la base Adji Kossey de N’Djaména, la plus grande. À noter que le Tchad a fixé la date butoir du 31 janvier 2025 pour le retrait total de l’armée française de son territoire.
Le 29 novembre, les autorités tchadiennes ont annoncé leur «décision de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense» avec la France datant de 1966. Le Tchad a également mis fin à un accord signé en 2019 visant à renforcer la coopération en matière de sécurité et de défense avec Paris.
Montée du souverainisme en Afrique
«Après 66 ans d'indépendance de la République du Tchad, il est temps pour le Tchad d'affirmer sa pleine souveraineté et de redéfinir ses partenariats stratégiques en fonction des priorités nationales», avait alors déclaré le ministre tchadien des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah.
Le jour même où le Tchad a fait cette annonce, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, qui a remporté les élections de mars 2024, a appelé à son tour au retrait des bases militaires françaises du Sénégal. «Le Sénégal est un pays indépendant, c’est un pays souverain, et la souveraineté n’accepte pas la présence de bases militaires dans un pays souverain», avait-il affirmé.
Ces évolutions marquent un changement fondamental dans les relations entre la France et ses anciennes colonies en Afrique parallèlement à la montée en puissance de dirigeants locaux souverainistes, et s'ajoutent aux retraits militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger à la suite des coups d'État survenus dans ces trois pays au cours des dernières années.
Réunis à Niamey le 6 juillet dernier, les dirigeants des trois pays sahéliens avaient acté la création de l'Alliance des États du Sahel (AES), décidée le 16 septembre 2023. Des hommes politiques tchadiens ont appelé récemment le président Mahamat Idriss Déby à entamer des discussions pour intégrer l’AES.