Le Conseil supérieur de l'audiovisuel et de la communication (CSAC), l'autorité de régulation de la République démocratique du Congo (RDC), a mis en garde la radio française RFI et les chaînes France 24 et TV5 Monde contre toute diffusion d’informations à même de désorienter la perception de la situation sécuritaire dans la province du Nord-Kivu, à l’est du pays.
«Je constate avec amertume que certains médias, comme RFI, Tv5 Monde et France 24, relaient les prétendues avancées des terroristes tout en occultant les exploits des FARDC. Nous respectons la liberté d’expression et d’information, mais nous fustigeons fermement toute apologie du terrorisme», a déclaré le président du Conseil, Christian Bosembe, cité par les médias locaux.
Dans une correspondance adressée au directeur de France Médias Monde, le chef du CSAC a indiqué que les différents rapports du Centre de monitoring des médias congolais soulignaient que la ligne éditoriale adoptée par la rédaction de RFI concernant les événements en RDC n’était «ni objective, ni équilibrée».
Christian Bosembe a condamné l'apologie du terrorisme, regrettant la diffusion constante de fausses informations et le fait que des groupes terroristes bénéficiaient d'une tribune dans ces médias. «Ce penchant nous semble contraire à l’éthique journalistique et tend à semer la panique et à amplifier le sentiment d’insécurité parmi les paisibles populations», a-t-il notamment écrit.
Le président du CSAC a annoncé que toute tentative de manipulation de l’opinion ou de glorification directe ou indirecte du terrorisme exposera ces médias à des sanctions exemplaires et sévères. «Nous exigeons de vos médias une couverture médiatique équilibrée, rigoureuse et respectueuse des principes fondamentaux de diversité d’opinion ou des sources, principes sacrés en journalisme.»
«Nos troupes ont repris l'initiative»
La mise en garde du CSAC intervient après la diffusion par des médias locaux et internationaux des progrès du M23 dans des territoires à l’est du pays. Une situation qui avait alarmé l’envoyée spéciale de l’ONU en RDC et chef de la Mission des Nations Unies dans ce pays (MONUSCO), Bintou Keita, qui a condamné le 7 janvier «avec la plus grande fermeté» l’expansion territoriale menée par les rebelles du M23 depuis le 2 janvier 2025.
Lors d’une réunion du Conseil supérieur de la défense élargie le 8 janvier, le président Félix Tshisekedi a appelé les Congolais à faire confiance aux efforts du gouvernement pour faire face à l’expansion du M23. «Nos troupes ont repris l'initiative et, vous allez voir que dans les jours qui viennent, (…) les pans du territoire qui sont occupés par les forces d'agression seront tous récupérés un par un», a déclaré de son côté le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya.
Alors que l’armée de la RDC (FARDC) tente de contenir les rebelles, les efforts diplomatiques, tels que le processus de Luanda, peinent à produire des résultats concrets face à l'absence de coopération du Rwanda. Ce dernier, accusé de soutenir logistiquement et militairement le M23, a refusé de participer à une réunion tripartite le 15 décembre dernier, censée établir une feuille de route vers la paix.
Les autorités de la RDC accusent le Rwanda de soutenir le M23 en lui fournissant des armes et en déployant des troupes dans la province du Nord-Kivu. Kigali nie cela, affirmant ne prendre que des mesures défensives, et accuse à son tour Kinshasa de soutenir les militants des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
La RDC est confrontée depuis plusieurs années à une guerre ravageuse provoquée par la rébellion du M23 actif au Nord-Kivu, dans l’est du pays. Le groupe armé a été créé en 2012 par des officiers entrés en rébellion contre le gouvernement central.