Afrique

RDC : fuite massive des populations civiles face à l’avancée du M23 au Nord-Kivu

Dans une République démocratique du Congo minée par la guerre, la situation sécuritaire au Nord-Kivu demeure préoccupante, exacerbée par les avancées du M23 qui ont provoqué des déplacements massifs de populations et une crise humanitaire sans précédent. Sur le plan diplomatique, les pourparlers de Luanda ont été entravés par le Rwanda.

La situation sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) s’aggrave depuis le 17 décembre face à l’avancée du groupe rebelle M23, appuyé par le Rwanda, qui a provoqué des déplacements massifs de populations civiles et une crise humanitaire sans précédent, selon les médias locaux.  

Alors que les villages de Mambasa, Ndoluma, Kitsombiro, Bikara et Katondi se vident de leurs populations, les civils cherchent refuge à Kipese à l’est, Kasugho à l’ouest et pour certains, à Butembo et à Lubero-centre, situé plus au nord, pour échapper à l’avancée des rebelles.

«Environ un million de personnes sont en errance en ce moment», affirme le ministre du Développement rural Muhindo Nzangi Butondo le 17 décembre, appelant la population à faire confiance au président Tshisekedi, déterminé dit-il, à «restaurer la paix dans la partie est du pays». 

D’après plusieurs sources locales, les Forces armées de la RDC (FARDC) poursuivent leur réorganisation pour tenter de contenir la progression du M23. Les rebelles avaient atteint le 17 décembre le village de Mambasa, à proximité de la localité d’Alimbongo, et des affrontements violents ont été signalés sur le territoire de Walikale.

La localité stratégique de Buleusa est par ailleurs tombée aux mains du M23, renforçant la pression sur les FARDC appuyées par les forces d’autodéfense locales Wazalendo dans leur lutte autour de la localité de Pinga.

Le processus de Luanda entravé par Kigali

Alors que les FARDC tentent de contenir les rebelles, les efforts diplomatiques, comme le processus de Luanda, peinent à produire des résultats concrets face à l'absence de coopération du Rwanda. Ce dernier, accusé de soutenir logistiquement et militairement le M23, a refusé de participer à une réunion tripartite essentielle pour établir une feuille de route vers la paix.

Prévu le 15 décembre, ce sommet devait réunir les présidents de la RDC et du Rwanda, Félix Tshisekedi et Paul Kagame à Luanda, la capitale angolaise, sous la médiation du président du pays, Joao Lourenço, qui avait déclaré auparavant que les parties étaient sur le point de conclure un accord sur un règlement pacifique.

Dans la foulée de l’annulation de la réunion provoquée par l’absence de Kagame, le gouvernement de la RDC a appelé l'Union africaine et l'ONU à imposer des sanctions internationales contre le Rwanda pour avoir perturbé ce sommet qui devait approuver un plan de résolution pacifique du conflit dans l'est du pays. La partie rwandaise, pour sa part, a imputé l’échec des pourparlers à la RDC, les responsables congolais ayant refusé d'autoriser les rebelles du M23 à assister aux pourparlers.

Les autorités de la RDC accusent le Rwanda de soutenir le M23 en fournissant des armes et en déployant des troupes dans la province du Nord-Kivu. Kigali nie cela, affirmant qu'il ne prend que des mesures défensives, et accuse à son tour la RDC de soutenir les militants des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).

La RDC est confrontée depuis plusieurs années à une guerre ravageuse provoquée par la rébellion des M23 actifs au Nord-Kivu dans l’est du pays. Le groupe armé a été créé en 2012 par des officiers entrés en rébellion contre le gouvernement central. La rébellion dite du M23, pour «mouvement du 23 mars», est une continuation de la guerre ayant secoué le Kivu de 2004 à 2009. Depuis 2021, le conflit plonge l'est du pays dans le chaos, l'ONU s'alarmant de la crise humanitaire.