La filiale britannique de la multinationale agrochimique Syngenta aurait exporté en 2023 plus de 8 500 tonnes de pesticides interdits au Royaume-Uni vers plusieurs pays, dont le Brésil, la Côte d’Ivoire et le Maroc, révèle une enquête menée récemment par le journal d’investigation Unearthed, affilié à l’ONG internationale Greenpeace, en collaboration avec l’ONG suisse Public Eye.
Au cœur de cette enquête, une substance particulièrement toxique : le thiaméthoxame, connu pour ses effets dévastateurs sur les abeilles et autres pollinisateurs. D’après l’enquête, cet insecticide, interdit en 2018 au Royaume-Uni en raison de sa dangerosité avérée, aurait été exporté à hauteur de 374 tonnes vers des pays comme la Côte d'Ivoire, l’Ukraine, Taiwan et le Maroc.
Selon Greenpeace, «cela permettrait de produire suffisamment d’insecticide à base de thiaméthoxame pour pulvériser environ 133 000 kilomètres carrés de champs, soit une superficie plus grande que l’Angleterre».
Au total, les cargaisons auraient été expédiées vers 18 pays différents, relève l’ONG. Les principaux importateurs seraient les États-Unis, le Brésil, le Canada et le Mexique. Une quantité importante aurait également été envoyée dans l’UE – où ces pesticides sont interdits – pour être réexportée ailleurs.
Plusieurs pesticides interdits
Un deuxième produit également interdit, le diquat, fabriqué par Syngenta à Huddersfield, dans le Yorkshire de l'Ouest, aurait été également exporté par la multinationale vers plusieurs pays. L'année dernière, l'entreprise a exporté 5 123 tonnes de cet herbicide, dont plus de la moitié au Brésil, souligne l’enquête.
Par ailleurs, le Royaume-Uni a exporté des pesticides contenant dix produits chimiques interdits différents. Parmi ces substances figurait la fénamidone, interdite en 2018 en raison de préoccupations concernant son potentiel à endommager l’ADN et son «potentiel élevé de contamination des eaux souterraines».
Parmi ces produits figuraient également un autre néonicotinoïde tueur d’abeilles, l’imidaclopride, expédié en Tunisie par le fabricant Nufarm, ainsi que le fongicide chlorothalonil, qui contamine les eaux souterraines, exporté en petites quantités par Syngenta et Nufarm.
En réponse à ces conclusions, les ONG et les militants environnementaux ont appelé le gouvernement travailliste au Royaume-Uni à prendre des mesures pour mettre un terme à ces exportations.