Le 7 novembre, le gouvernement algérien a démenti «catégoriquement» les informations «erronées» et «totalement infondées» selon lesquelles Alger aurait suspendu toute relation commerciale avec Paris dans un contexte de crise diplomatique entre les deux pays.
La veille, l’ancien ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, avait allégué que les banques algériennes avaient suspendu le traitement des domiciliations d’importation en provenance de France ainsi que les opérations d’export vers ce pays, «à compter du 5 novembre 2024».
«Pour remercier la France, l'Algérie décide de bloquer toutes les importations françaises et les exportations vers la France», avait écrit le diplomate sur X, partageant en pièce jointe, pour appuyer ses propos, une prétendue note officielle annonçant la suspension des transactions.
«Suite aux allégations mensongères colportées par l’ancien ambassadeur de France à Alger, dans son délire haineux et coutumier à l’égard de l’Algérie, au sujet de prétendues mesures restrictives au commerce, la cellule de Communication auprès du Premier ministre tient à apporter un démenti catégorique à ces informations erronées et totalement infondées», a réagi le gouvernement algérien dans un communiqué publié par l’agence de presse d’État APS.
L’incident intervient alors que la reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental le 30 juillet dernier avait provoqué une crise diplomatique d’ampleur entre Paris et Alger, dont les relations sont déjà tendues.
L’Algérie avait retiré dans la foulée son ambassadeur en France «avec effet immédiat» et le chef d’État Abdelmadjid Tebboune avait rejeté l’idée d’une visite en France, pourtant «attendue cet automne» selon l'Élysée.
Spéculations autour d’une potentielle escalade
Début octobre, l’Algérie avait exclu le blé français d’un important appel d’offres qu’elle venait de lancer pour l’acquisition de 500 000 tonnes de céréales, alimentant les spéculations autour d’une potentielle escalade de mesures restrictives au commerce avec la France.
En pleine crise diplomatique entre les deux pays, et alors qu’Alger avait rompu ses relations diplomatiques avec Rabat en août 2021, Paris a réenclenché un processus de réchauffement avec le Maroc, marqué par la récente visite d'Emmanuel Macron à Rabat, au risque de détériorer davantage les relations avec l’Algérie qui sont au plus bas depuis des années.
Mais bien que les tensions soient palpables, elles ne sembleraient pas entraîner pour autant une rupture immédiate des relations commerciales, s’accordent à penser des analystes cités par la presse locale. En tout cas «pas pour le moment», nuancent certains.
D’autres analystes mettent en garde cependant contre le fait qu'une détérioration prolongée des relations diplomatiques pourrait nuire à la confiance des investisseurs et ralentir les échanges économiques.
En 2023, les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint près de 12 milliards d'euros. La France importe principalement des hydrocarbures algériens, tandis que les importations de l’Algérie concernent les électroménagers, les médicaments et les denrées alimentaires.