À vingt jours des élections législatives, le chef d'État bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo a annulé le décret de juillet 2024 qui fixait le scrutin au 24 novembre. C’est ce qui ressort des déclarations du conseiller politique d’Embalo, Fernando Delfim Da Silva, devant les journalistes au palais présidentiel à Bissau.
«Les conditions ne sont pas réunies pour la tenue des élections à la date initialement fixée», stipule le décret d’annulation. «Un nouveau décret devrait arrêter une nouvelle date», a fait savoir la présidence.
L'ajournement du scrutin était évoqué depuis le 1er novembre et le président avait confirmé qu'il formaliserait prochainement le report.
Le ministre de l’Administration territoriale, Aristides Ocante da Silva, avait pour sa part déclaré que le temps était trop court pour résoudre des difficultés logistiques et financières.
Dissolution du Parlement après la «tentative de coup d’État»
Le 4 décembre 2023, trois jours après les troubles qui ont agité la capitale, le président Embalo a décidé de dissoudre le Parlement dominé par l’opposition.
Des affrontements avaient eu lieu entre des éléments de la Garde nationale et les forces spéciales de la Garde présidentielle. Des événements que le président bissau-guinéen a qualifiés de «tentative de coup d’État», selon un décret présidentiel communiqué à la presse.
Le chef d’État a également invoqué la «complicité» entre la Garde nationale et «certains intérêts politiques au sein même de l’appareil d’État», affirmant qu’«après cette tentative de coup d’État menée par la Garde nationale et devant les preuves fortes de l’existence de complicités politiques, le fonctionnement normal des institutions de la République est devenu impossible. Ces faits confirment l’existence d’une grave crise politique», avait-il déclaré.
Depuis le scrutin présidentiel de 2014, la Guinée-Bissau s'efforce de renouer avec l'ordre constitutionnel, mais les crises politiques y sont récurrentes. L'élection d'Umaro Sissoco Embalo à la présidence en décembre 2019, pour un mandat de cinq ans, n’a pas permis d’apaiser les tensions. Aujourd'hui, la question de la durée de son mandat et la date de la prochaine élection présidentielle sont sujets à controverse dans ce pays africain d’environ 2 millions d’habitants.