Afrique

Kenya : la destitution du vice-président Rigathi Gachagua suspendue par la justice

La Haute Cour de justice kényane a suspendu la destitution de Rigathi Gachagua, quelques heures après son vote au Sénat. Demeurant théoriquement vice-président, il est notamment accusé de détournement de fonds et de trafic d'influence.

Énième rebondissement au Kenya dans l'affaire de la destitution du vice-président Rigathi Gachagua. Le 18 octobre, la Haute Cour de justice du pays a émis une ordonnance temporaire suspendant sa destitution, quelques heures après que celle-ci ait été voté par le Parlement. Le tribunal rendra son verdict le 24 octobre. D'ici là, Rigathi Gachagua demeure théoriquement vice-président du pays, interdisant au président kényan, William Ruto, de nommer un successeur.

Celui-ci avait nommé, quelques instants plus tôt, au terme de la procédure de destitution, le ministre de l'Intérieur Kithure Kindiki comme nouveau vice-président du pays.

«Ce matin, j'ai reçu un message de Son excellence, le président, concernant la nomination du professeur Kithure Kindiki [...] pour combler le poste vacant de vice-président de la République du Kenya, à la suite de la destitution du précédent titulaire du poste», avait de son côté annoncé aux députés le président de l'Assemblée nationale Moses Wetangula.

Si sa destitution était confirmée par la justice, Rigathi Gachagua, 59 ans, originaire de la région du Mont Kenya, la plus grande circonscription électorale du pays, deviendrait le premier vice-président en exercice à tomber sous le coup d'une procédure de destitution.

Corruption, abus de pouvoir et incitation à la division ethnique

Rigathi Gachagua est notamment accusé de détournement de fonds et de trafic d'influence. La motion de destitution l'accuse d'avoir amassé, après son élection, environ 37 millions d'euros (5,2 milliards de shillings kényans) dans des transactions illicites depuis son entrée en fonction en septembre 2022, alors que son salaire annuel officiel avoisine les 85 000 euros. Au moment de son entrée en fonction, à l'issue des élections générales, sa fortune nette s'élevait à 5,5 millions d'euros.

Les législateurs ont estimé que cette augmentation rapide de la richesse suggère des pratiques illégales, y compris le blanchiment d'argent.

Rigathi Gachagua a plaidé non-coupable des 11 chefs d'accusation, notamment de corruption, de participation à des politiques de division ethnique et d'incitation à des troubles anti-gouvernementaux. Cependant, le Sénat a estimé qu'il était coupable de cinq des 11 charges que contenait la motion de destitution. 

Hospitalisé quelques heures seulement avant le vote de la chambre haute, pour de «fortes douleurs thoraciques», ses avocats ont estimé sa destitution anticonstitutionnelle et précipitée, avançant qu'il aurait été privé de la possibilité de se défendre.