Afrique

Nouvelle Agence africaine de notation de crédit : une solution à l'injustice des agences américaines ?

Le commissaire de l'Union africaine (UA) en charge du développement, du commerce, du tourisme, de l'industrie et des minéraux, a récemment annoncé qu'une nouvelle agence de notation de crédit, spécialement conçue pour les besoins des emprunteurs souverains africains, devrait être opérationnelle d'ici l'année prochaine.

Prévu depuis 2022, le lancement de l’Agence africaine de notation de crédit (Acra) a été reporté par l’Union africaine en juillet dernier pour la deuxième fois. Ce nouvel outil de notation est destiné à diminuer l'influence des trois principales agences de notation américaines Standard & Poor's, Moody's et Fitch sur les économies africaines.

L'agence en question vise à fournir une approche «plus personnalisée» pour les notations de crédit des pays africains, confrontés depuis longtemps à des coûts d'emprunt élevés et à une faible représentation dans les systèmes de notation mondiaux.

Albert Muchanga, commissaire de l'Union africaine (UA) en charge du développement, du commerce, du tourisme, de l'industrie et des minéraux a expliqué, d’après Jeune Afrique le 23 juillet dernier, que cette initiative visait à offrir une évaluation plus équitable et à améliorer les conditions financières des pays africains. L'agence sera une entité indépendante, sans lien direct avec l'UA ou tout autre bloc régional.

Cartel économique

Née de l'idée que les «Big Three» étaient systématiquement plus sévères dans la notation des États africains, l’Acra est dans les cartons depuis 2022. Cette année, plusieurs pays ont vivement exprimé leur mécontentement face aux notes défavorables émises par les agences occidentales.

Dans ce contexte, le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (Maep) souligne urgemment la nécessité de créer une agence panafricaine. Lors de sa présidence de l'Union Africaine, Macky Sall avait, pour sa part, qualifié les mécanismes de notation de «très arbitraires». Selon lui, cette attitude s'apparente à une forme d'injustice, étant donné les coûts élevés que ces notations imposent aux emprunts africains.

L’agence Moody’s, a titre d’exemple, a dégradé les notes de 13 pays, dont le Maroc et le Kenya. Parmi les 32 pays africains notés par les Big Three, la moitié sont classés dans la catégorie «spéculative», indiquant un risque accru de défaut de paiement et affectant la perception du risque par les investisseurs, détaille la même source.

D’après une étude publiée par la plateforme d'investissements Daba Finance en juillet dernier, la subjectivité et la partialité dans les notations de crédit des pays africains entraînent des coûts considérables, atteignant jusqu'à 24 milliards de dollars en intérêts supplémentaires et plus de 46 milliards de dollars en opportunités de prêts manquées.

Selon les analystes, la création d'une agence africaine de notation de crédit pourrait aider à contrer les préjugés des prêteurs, mais elle ne sera pas une solution unique pour réduire les coûts d'emprunt.