Afrique

Guerre au Soudan : les négociations américaines mises en échec, le pays à un «point de rupture cataclysmique»

Après deux jours de négociations sous l’égide des États-Unis en Suisse, les pourparlers de paix visant à mettre fin à la guerre civile sont au point mort. L’armée soudanaise, l’un des deux principaux belligérants, n’a pas envoyé de délégation aux négociations.

«Nous poursuivons notre travail acharné avec nos partenaires internationaux pour sauver des vies et garantir que nous obtenons des résultats tangibles.» Dans un message posté sur les réseaux sociaux dans la matinée de ce 15 août, l’envoyé spécial des États-Unis pour le Soudan Tom Periello s'est voulu rassurant après deux jours de négociations à Genève, en Suisse.

Réunis depuis le 13 août à l’initiative de Washington, des «experts techniques» et des représentants de plusieurs pays tentent de trouver une sortie de crise pour ce pays d’Afrique du Nord-Est.

Pour le directeur régional de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) Othman Belbeisi, le Soudan se trouve à «un point de rupture catastrophique, cataclysmique».

L’armée soudanaise grande absente des pourparlers

Le conflit civil qui agite le Soudan depuis un an et quatre mois oppose l’armée soudanaise aux Forces de soutien rapide (FSR), une faction paramilitaire. Cette dernière, menée par Mohamed Hamdan Dogolo, dispose d’une délégation venue en Suisse, ce qui n’est pas le cas de l’armée soudanaise dirigée par Abdel Fattah al-Burhan, président de facto du pays. En dépit du soutien que lui apporte Washington, ce dernier n’a pas dépêché de représentation à Genève.

Le 14 août, le porte-parole du département d'État américain Vedant Patel a affirmé devant un parterre de journalistes : «Nous avons souligné qu'il était de la responsabilité [de l'armée] d'être présente et nous continuerons à le faire.»

Pour l’heure, le bilan de la diplomatie étasunienne se résume le 14 août à une déclaration conjointe avec la Suisse, l'Arabie saoudite, l’Égypte, les Émirats arabes unis (soutien des FSR), l’Union africaine et les Nations unies. Cette déclaration demande aux belligérants de respecter les accords de Djeddah signés en mai 2023 et portant sur un cessez-le-feu et des dispositions d’ordre humanitaire.

«L’une des pires situations humanitaires au monde», selon l’ONU

L’Organisation internationale pour les migrations de l'ONU, l’UNHCR, estime que le Soudan se trouve dans «l’une des pires situations humanitaires au monde» et fait état de 7,5 millions de personnes contraintes de fuir leur foyer.

L’ONU estime par ailleurs qu’«une personne sur deux peine à se nourrir» dans le pays. À la famine se sont ajoutées des pluies diluviennes depuis le mois de juin, provoquant des inondations et aggravant la situation humanitaire des populations civiles qui sont particulièrement visées dans ce conflit qui agite le Soudan.