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Menace au Sahel : l’Armée nationale libyenne envoie des troupes pour sécuriser les frontières sud, les Occidentaux s'inquiètent

Sur fond de menaces sécuritaires touchant notamment le nord du Mali et du Niger, l’Armée nationale libyenne (ANL) a envoyé des renforts dans le sud-ouest du pays pour sécuriser les frontières. Une manœuvre qui a mis «en état d’alerte» le gouvernement de Tripoli et suscité les «inquiétudes» de l’Occident.

En réponse à la pression exercée par certains pays occidentaux, l'Armée nationale libyenne (ANL) a tenu à «clarifier» son «activité accrue» dans le sud du pays. Dans une vidéo publiée le 9 août sur leur page officielle, les forces terrestres de l'Est, dirigées par Saddam Haftar, fils cadet du maréchal Khalifa Haftar, ont assuré vouloir uniquement «sécuriser» les frontières sud du pays.

«Les événements qui se déroulent au Mali et au Niger ont rendu nécessaire l'envoi de renforts sur les sites des unités militaires afin de renforcer la protection des frontières», a expliqué le porte-parole de l’ANL Ahmad al-Mismari.

Ces mouvements de l’armée, souligne le porte-parole, visent à renforcer la présence militaire afin de repousser et d'empêcher «tout mouvement illégal» à travers la frontière, «en particulier à la lumière de la situation qui se déroule dans les pays voisins de la Libye», a-t-il encore insisté.

L’ANL avait annoncé le 6 août mener une «opération globale», visant, selon elle, à «sécuriser les frontières sud du pays et à renforcer la stabilité dans ces zones stratégiques».

Ces manœuvres de l’ANL interviennent sur fond de menaces sécuritaires croissantes touchant le nord du Mali et du Niger, notamment à la suite de l’embuscade de Tin Zaouatine perpétrée contre les forces armées maliennes par des groupes terroristes soutenus par l’Ukraine.

Embuscade de Tin Zaouatine

Le 27 juillet dernier, un groupe d’assaut des forces de sécurité maliennes, accompagnées de soldats russes du groupe Wagner, a été pris en embuscade par des insurgés touaregs à proximité de Tin Zaouatine, près de la frontière avec l’Algérie.

Au lendemain de l’annonce par Wagner des pertes subies dans des combats au nord du Mali, le porte-parole du renseignement militaire ukrainien (GUR) avait déclaré le 29 juillet que ses agents avaient aidé les rebelles en leur fournissant «les informations nécessaires, et pas seulement des informations, qui ont permis une opération militaire réussie contre les criminels de guerre russes», jurant que «d’autres» étaient «à venir».

Dans la foulée de ces déclarations, le gouvernement du Mali avait annoncé le 5 août la rupture de ses relations diplomatiques avec l’Ukraine. Au lendemain de cette décision malienne, le Niger annonçait à son tour la rupture de ses relations avec ce pays ainsi que la saisine du Conseil de sécurité de l’ONU.

Inquiétudes de Tripoli et de l’Occident

Malgré ces tensions sécuritaires accrues, invoquées par l’Armée nationale libyenne pour expliquer ses manœuvres, des représentants des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de l'Allemagne et de l'Italie ont exprimé leur «inquiétude» concernant les mouvements de troupes du camp Haftar dans le sud et le sud-ouest de la Libye.

A noter que cette zone du sud-ouest de ce pays divisé est contrôlée par le gouvernement rival dirigé par Abdelhamid Dbeibah. L'état-major de ce gouvernement basé à Tripoli et soutenu par l’Occident avait annoncé le 8 août avoir mis ses unités «en état d'alerte», leur ordonnant d'être «prêtes à repousser toute éventuelle attaque».

De son côté, la mission de l'ONU en Libye (Manul) avait appelé le 9 août à «une désescalade» et à «éviter d'autres tensions», conviant dans un communiqué «toutes les parties en présence à faire preuve de la plus grande retenue et à éviter toute action militaire provocatrice qui pourrait mettre en péril la stabilité fragile de la Libye et la sécurité de sa population».