Afrique

Énergie : avec l’appui du Japon, la Tunisie opte pour la stratégie bas carbone

Pour réduire sa dépendance aux énergies fossiles et les émissions de carbone, la Tunisie vise à augmenter la part des énergies renouvelables dans sa production électrique via le projet «Approvisionnement bas carbone et stable du système électrique». Une initiative tripartite, avec l'appui du Japon, signée en mars dernier et officialisée le 24 juin.

La transition énergétique en Tunisie va connaître un nouveau chapitre avec l’officialisation de l’accord relatif au projet «Approvisionnement bas carbone et stable du système électrique» signé en mars dernier entre le ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (STEG) et l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA).

Cet accord tripartite, dont l’objectif principal est de maintenir la stabilité du système électrique malgré la forte pénétration des énergies renouvelables variables, telles que l’énergie solaire et éolienne, a été officialisé le 24 juin dans le cadre d’une réunion de démarrage tenue au siège de la STEG en présence d'experts japonais.

Production d'électricité à partir d'énergies renouvelables

D’après le communiqué de la JICA, cette initiative met en place un cadre de coopération pour maîtriser l’offre et la demande d’électricité et augmenter l’intégration des énergies renouvelables dans le réseau électrique tunisien.

Le projet en question vise à renforcer les capacités des ingénieurs de la STEG pour une gestion optimisée du réseau électrique, intégrant davantage d’énergies renouvelables.

«Les experts japonais vont accompagner les équipes de la STEG dans l’élaboration d’un plan d’action en vue de maintenir une capacité de fonctionnement stable du système électrique dans un contexte de forte pénétration des systèmes de production d'énergie renouvelable variable (ERV)», a précisé l’agence japonaise. Et de mettre en avant la stratégie tunisienne visant à réduire la dépendance aux énergies fossiles et les émissions de carbone «ce qui va de pair avec la vision stratégique de la Tunisie de faire intégrer les énergies renouvelables dans la production électrique», lit-on de même source.

L’assistance technique de la JICA se résumera au transfert de technologie par le biais d’études et de formations prévues à la fois en Tunisie et au Japon. Une opportunité pour les ingénieurs tunisiens de la STEG de développer leurs compétences en la matière.

Vers une plateforme digitale de décarbonation

L'Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (ANME) compte «développer une plateforme digitale de décarbonation pour centraliser les bonnes pratiques et les succès stories», a révélé Bayssen Amami, docteure et ingénieure à la Direction de l’efficacité énergétique.

Dans le cadre d’une interview intitulée «Vers une économie bas carbone en Tunisie : enjeux et opportunités» et publiée sur la page LinkedIn de l’ANME, Bayssen Amami a précisé, en évoquant la démarche d’accompagnement pour accélérer la transition bas carbone, que la plateforme digitale faciliterait «l'accès à l'information et l'échange d'expériences» et qu’elle serait dotée «d'un calculateur de bilan carbone gratuit pour les entreprises tunisiennes».

La démarche en question comprend plusieurs axes d'intervention. Selon l’ingénieure, le soutien financier via le Fonds de transition énergétique (FTE) «intègre des subventions pour les études de comptabilité carbone (calcul bilan carbone et empreinte carbone produit) à hauteur de 70%».

Bayssen Amami a affirmé que pour remporter le défi, le secteur bancaire jouerait un rôle crucial dans cette «transition verte». «Dans ce cadre, l'ANME collabore avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et le Conseil bancaire et financier (CBF) pour mettre en place un guide financier digital regroupant les produits financiers verts des banques tunisiennes», ce qui «favorisera l'investissement dans des technologies propres et les pratiques les plus durables, et ce, en conditionnant l’accès au financement avec des critères exigeants de durabilité», a-t-elle expliqué.

S’agissant du plan procédural comme principal axe d’intervention, la docteure a fait savoir qu’un cahier des charges est actuellement élaboré par l’ANME pour «encadrer l'exercice de l'expertise carbone, assurant ainsi la conformité aux normes internationales de comptabilité carbone».

En termes de sensibilisation des entreprises, elle a souligné que des ateliers d'information sur divers aspects liés au changement climatique et à la comptabilité carbone étaient organisés mensuellement par l’ANME.