Afrique

Céréales : l’Algérie entre récolte «abondante» et «dépendance» aux importations

«Pour couvrir les besoins de consommation interne, l’Algérie devrait importer 14 millions de tonnes» de céréales, avance un rapport de la FAO qui a refait surface après les chiffres communiqués par le gouvernement faisant état d’une récolte «abondante» de blé dur. Un expert algérien évoque, par son analyse, une dépendance alimentaire.

«De par le monde, il n’existe aucun pays qui assure sa sécurité alimentaire à 100%», estime le professeur algérien Abderrahmane Mebtoul, qui a affirmé dans une tribune publiée le 26 juin dans Financial Afrik et intitulée «L’Algérie face aux défis de la dépendance alimentaire» que les surfaces agricoles inexploitées et la densité démographique en Algérie conduisaient à sa dépendance alimentaire.

L’Algérie, le plus grand pays de l’Afrique, du pourtour méditerranéen et du monde arabe, fait face à des défis majeurs en matière de sécurité alimentaire, avec une dépendance significative aux importations de céréales, selon les données de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Cette dépendance alimentaire évoquée par la FAO au mois d’avril dernier a refait surface le 26 juin en suscitant l'intérêt de la presse algérienne après l'annonce d’une récolte «abondante» de blé dur par le gouvernement algérien. L'expert Abderrahmane Mebtoul a, par son analyse, mis en exergue les défis de la dépendance alimentaire en Algérie.

Surface agricole inexploitée et pression démographique

«La densité paraît faible, mais les neuf dixièmes de la population sont concentrés sur les terres du Nord» du pays, qui s’étend sur 2 380 000 km², a d'abord précisé le docteur d’État. «L’objectif stratégique à l’horizon 2025-2030 est d’éviter que plus de 95% de la population vive sur moins de 10% du territoire, ce qui passe par une autre vision de l’aménagement de l’espace, en valorisant le Sud notamment dans le développement agricole», a-t-il ajouté.

«La production locale de céréales toutes catégories confondues représente environ 3,5 millions de tonnes entre 2023/2024, soit 30 à 35% des besoins», a encore souligné l'expert. «Les prix, subventionnés sans ciblage, étaient évalués à près de 9 à 10 millions de tonnes de blé en 2023», a-t-il détaillé.

Abderrahmane Mebtoul a ensuite rappelé que la population, estimée à 47 millions en janvier 2024, atteindrait 50 millions en 2030.

Dans cette analyse, Abderrahmane Mebtoul a évoqué les terres agricoles inexploitées à travers le pays : «La surface agricole globale en Algérie s’élève à 43,98 millions d’hectares, dont seulement 8,59 millions sont exploités.»

La présidence algérienne a publié le 23 juin un communiqué faisant état de «l’abondance» de la production de blé dur réalisée pendant cette saison, affirmant que l’Algérie était «proche de la pleine autosuffisance », d’après le bilan de moisson présenté par le ministre de l’Agriculture lors d’un conseil ministériel présidé par le président Abdelmadjid Tebboune.

Malgré une saison céréalière productive par rapport à la saison précédente, et ce, en raison de l’augmentation des superficies emblavées et de l’amélioration du volume des précipitations, l’Algérie devrait importer 14 millions de tonnes de céréales durant l’exercice 2023/2024. Selon le rapport de la FAO publié en avril dernier, il s’agirait d’un niveau record, «le plus élevé des cinq dernières années».

Le blé représente la part majeure des importations

Relayé par la presse algérienne le 26 juin, le rapport prévisionnel de l’organisation onusienne a indiqué que l’importation de blé représentait la part majeure des commandes avec 8,7 millions de tonnes, soit environ 60% du total, et que cette dépendance aux importations était principalement due à la sécheresse qui a impacté les régions céréalières à travers le pays.

La FAO a également notifié qu’en plus du blé, l’Algérie prévoyait d’importer 4 millions de tonnes de maïs et 1 million de tonnes d’orge fourragère. «Les rendements des cultures de blé et d’orge, principalement pluviales, varient considérablement selon les précipitations, qui ont été particulièrement irrégulières et inférieures aux moyennes dans l’ouest du pays», précise le même rapport.

Avec une superficie agricole de 3,3 millions d’hectares consacrée à la culture des céréales, la production annuelle de l’Algérie n’a pas dépassé les 4,2 millions de tonnes au cours des cinq dernières années, ce qui comble seulement 30% des besoins nationaux, toujours d’après la même source.