Déclarés simultanément dans différentes wilayas [régions] à travers l’Algérie, plusieurs incendies ont été maîtrisés ce 19 juin par la Protection civile du pays. Des feux ont été observés dans la forêt de Bir Bouhouche, dans la commune de Haddada, à Sétif, à Tizi Ouzou ou encore dans la wilaya de Souk Ahras, non loin de la frontière tunisienne.
Le plus grand incendie a touché la wilaya algérienne de Laghouat tandis qu’un feu ravageur a décimé cinq hectares de couvert forestier dans la commune de Bakkaria de la wilaya de Tébessa, rapporte la radio Mosaïque FM. Toutes ces flammes ont été favorisées par un seul facteur, la forte chaleur.
Les services de l’Office national de la météorologie (ONM) ont, par ailleurs, émis un bulletin météorologique spécial (BMS) pour placer plusieurs wilayas en vigilance orange «canicule».
Les exploitations céréalières menacées
La forte température, enregistrée en Tunisie également, a provoqué trois incendies durant la journée du 18 juin au gouvernorat de Jendouba, au nord-ouest du pays. Les unités de la Protection civile ont indiqué que le premier incendie s'était déclaré vers 13h dans un champ de blé de la région. Les pompiers ont réussi à circonscrire le feu, ce qui a empêché sa propagation aux champs voisins. La superficie brûlée a été limitée à 40 ares de blé dur et 1,5 hectare de chaume. Le deuxième incendie a ravagé 1,6 hectare de blé dur tandis que le troisième incendie, déclenché à 16h20 dans une propriété située dans la région d'Ain El Aouija, a occasionné des dégâts évalués à 300 ballots de foin et une clôture en épines.
Lors de son intervention sur les ondes de Mosaïque FM, le porte-parole de la Protection civile, Moez Tariaa, a affirmé que les unités concernées dans le gouvernorat de Beja avaient réussi à maîtriser un incendie dans une ferme de blé et d'oliviers dans la la ville de Téboursouk, notant que l'incendie avait détruit quatre hectares de blé, trois hectares de récolte et dix oliviers.
Le 15 juin, des flammes ont ravagé cinq hectares dans la zone d’El Jlaiel à Ghardimaou dans le gouvernorat de Jendouba, selon un communiqué de la direction régionale de la Protection civile.
Les bulletins sur les incendies s’amoncellent dans les deux pays voisins. L’Algérie, qui a été endeuillée par des incendies meurtriers l’été dernier, a mis en œuvre le 1er mai son plan de prévention contre les feux de forêt.
34 morts en juillet 2023
En juillet dernier, les bilans des incendies et des personnes décédées suite à des incendies de forêt en Algérie étaient considérables. En tout, 140 incendies ont été recensés dans 17 wilayas, faisant au moins 34 morts, tandis que de 1 500 personnes ont été évacuées de leurs villages.
Pour éviter de faire à nouveau face à ce défi climatique ayant tourné à la tragédie, Alger a mis en œuvre un programme de lutte contre les feux de forêt.
Par ailleurs, un plan de prévention contre les feux de forêt avait été activé, le 1e mai, par le chef de la circonscription des forêts de Birkhadem (Alger-Est), Abdelkader Messabis. En vigueur jusqu’à fin octobre, le plan en question vise à «protéger les espaces forestiers contre les incendies et à limiter leurs dégâts», a précisé le responsable en marge d’une journée de sensibilisation et d’une campagne de nettoiement organisées par la Direction des forêts sous le slogan «La protection des forêts… la responsabilité de tous».
D’après l’article paru sur EcoTimes, Abdelkader Messabis a communiqué les mesures prises, notamment l’aménagement des pistes forestières, la maintenance des réservoirs d’eau et des tours de contrôle ainsi que le nettoiement des forêts. Les forêts sensibles sont désormais supervisées par des brigades d’intervention, l’effectif au niveau des tours de contrôle au niveau des forêts d’Alger a été renforcé et des campagnes de sensibilisation aux risques des feux de forêts seront organisées en collaboration avec les communes, la société civile et la protection civile.
L'Algérie voudrait numériser son système d'intervention
Le 16 décembre 2023, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Youcef Cherfa, a fait part des instructions pour entamer dans l’immédiat la préparation de ce plan national pour l’année 2024. Il a évoqué la numérisation, mettant en avant l'importance de la numérisation intégrale du système d'intervention, d’après l’agence APS.
L'Algérie, plus grand pays en Afrique, a mis en œuvre ce plan pour protéger son peuple, préserver son paysage forestier et sauver son économie où les dégâts causés par les feux de forêt en 2023 «ont coûté 4,5 milliards de dinars [0,031 milliard d'euros]», d'après Hamid Afra, délégué général aux risques majeurs au ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, cité par la radio nationale algérienne.
De son côté, la Tunisie va opter pour l'ensemencement des nuages comme tentative de lutte contre la sécheresse due, entre autres, à la chaleur, sans proposer de solution concrète de prévention contre les incendies de forêt.