Afrique

Manque de précipitations : avec l'aide de l'Indonésie, la Tunisie opte pour l'ensemencement des nuages

L'ambassadeur d'Indonésie à Tunis a annoncé le 7 juin que son pays mènerait à l'automne une opération d'ensemencement de nuages en Tunisie dans l'espoir de stimuler des précipitations. Confrontée à des vagues de chaleur depuis plusieurs années, la Tunisie fait face à une crise de ses ressources hydriques.

Le ministère tunisien de l’Agriculture et la Direction indonésienne de la gestion des ressources en eau ont signé un accord pour ensemencer des nuages, a rapporté le 7 juin l’ambassadeur d’Indonésie en Tunisie, Zuhairi Misrawi, sur les ondes de la radio nationale tunisienne. Une équipe d’experts indonésiens s'y rendra, à l'«automne prochain» afin d'effectuer une opération d’ensemencement des nuages» a fait savoir le diplomate.

Celui-ci a fait part du succès de l’ensemencement des nuages dans son pays, une technique visant à influer sur les précipitations, mise en œuvre dans des dizaines de pays depuis les années 50, mais dont les effets sont toutefois loin de faire l’unanimité au sein de la communauté scientifique. «L’adoption des nouvelles technologies est efficace, l’Indonésie se réjouit annuellement de trois saisons de récolte de riz, alors qu’auparavant celui-ci n’était récolté qu’une fois par an», a-t-il affirmé.

Mettant en avant un potentiel risque d'inondation, l’ambassadeur a précisé que les opérations se dérouleraient au-dessus des barrages, à savoir celui de Beni Mtir au nord-ouest de la Tunisie et ceux du gouvernorat de Zaghouan, situé au nord tunisien. Zuhairi Misrawi a également déclaré que son pays, de 275 millions d'habitants, était parvenu à atteindre la souveraineté alimentaire, tout en exprimant son souhait que la Tunisie parvienne à faire de même.

La Tunisie confrontée au manque de précipitation

L’ensemencement des nuages «consiste à faire condenser et rassembler les nuages pour accroître les probabilités de pluie» vulgarisait le Professeur d'économie à l'École Supérieure des Sciences Economiques et Commerciales de Tunis (ESSEC), Ghazi Boulila, dans une tribune publiée sur le site tunisien Business News.

Elle «consiste à injecter des particules de sel comme le chlorure de sodium ou du chlorure de calcium via des fusées, canons, avions et drones» expliquait-il, soulignant que «les nuages ne font pas toujours l’objet de pluie. Certaines molécules d’eau dans les nuages se dispersent et leur densité ne suffira pas pour retomber sur terre sous forme de pluie». Par ailleurs, l'ensemencement des nuages nécessite que ceux-ci soient déjà présents, un ciel dégagé ne peut faire l'objet d'une stimulation de pluies par ce biais.

En raison des vagues de chaleur enregistrées au cours des trois dernières décennies, la Tunisie est classée 20e parmi les pays souffrant le plus du stress hydrique et 18e en termes de sécheresse, selon l’indice du World Resources Institute (WRI). Une situation qui impacte l'agriculture tunisienne qui, en 2020, représentait plus de 10% du PIB et pesait 18% des emplois dans le pays.