«La capitale de la migration clandestine», «le pays de transit illégal» ou encore «le passeur de l’Afrique» : la Tunisie souffre d’une crise migratoire sans précédent et se voit régulièrement mise à l'index dans la presse. Les chiffres semblent toutefois refléter une amélioration, en dépit de drames humains persistants.
Les unités maritimes de la Garde nationale ont ainsi rapporté, le 11 juin, que 462 corps de migrants clandestins avaient été repêchés au large des côtes du pays entre janvier et mai 2024. Sept Tunisiens figurent dans la liste des personnes décédées.
Sur son compte officiel, la direction générale de la Garde nationale a souligné qu’à la même période l’année dernière, 714 cadavres d’immigrants irréguliers, dont 24 Tunisiens, avaient été repêchés au large du Sahel tunisien.
Les secours en mer augmentent de 50%
Les autorités maritimes du pays nord-africain ont également indiqué ce 11 juin qu’elles avaient «réussi à secourir 30 281 individus depuis janvier dernier». Un autre progrès, puisque 21 652 migrants avaient été sauvés au cours de la même période de l'année 2023.
Les nationalités des victimes n’ont pas été divulguées par la Garde nationale, mais la plupart d'entre elles sont «traditionnellement» originaires de pays d'Afrique subsaharienne.
De nombreux enfants dans les embarcations clandestines
En juillet 2023, l'Unicef s'était alarmée, avançant que 11 600 enfants avaient tenté la traversée durant les six premiers mois de l'année, 289 d'entre eux étant alors morts en mer. Ce chiffre représentait une augmentation de 60% par rapport à la même période de 2022, où près de 7 200 mineurs non accompagnés ou séparés avaient tenté la traversée clandestine. L’agence, préoccupée par les dangers auxquels ces enfants sont confrontés, avait également noté que «les mineurs non accompagnés entreprenaient ces traversées meurtrières en embarquant souvent dans des canots pneumatiques surchargés».
L'île italienne de Lampedusa est à moins de 150 kilomètres de plusieurs villes côtières en Tunisie, ce qui «séduit» les candidats à l’immigration, les incitant à tenter de franchir illégalement les frontières tunisiennes vers l’Italie pour gagner ensuite l’Europe. Un record y a d'ailleurs été enregistré en septembre 2023, avec 4 800 personnes arrivées en une seule journée, d'après le département italien de l'Intérieur.
La situation semble néanmoins aussi s'améliorer en Europe, à en croire Giorgia Meloni. Selon la Première ministre italienne, qui a salué le rôle de la Tunisie et de la Libye, le nombre de migrants en Italie a chuté de 60%. En juillet 2023, l'UE avait accordé une aide financière de 255 millions d'euros à la Tunisie afin d'obtenir des efforts accrus pour réduire les passages. Au risque de laisser la crise migratoire s'installer de l'autre côté de la Méditerranée : à Sfax, ville côtière épicentre des départs clandestins, les migrants s'entassent dans des campements de fortune insalubres en attendant un départ hypothétique.