Afrique

Libye-Tunisie : réouverture du passage frontalier de Ras Jedir, et avec lui le retour du commerce

Tripoli a annoncé l’ouverture partielle du passage frontalier de Ras Jedir en Tunisie, à compter de ce 13 juin pour les cas d'urgence et les diplomates. La réouverture complète et officielle est prévue le 20 juin. Des mesures sécuritaires ont été également convenues entre les responsables gouvernementaux des deux pays.

En berne depuis le 19 mars dernier, le commerce transfrontalier entre la Libye et la Tunisie devrait prochainement reprendre son rythme de croisière. Les départements libyen et tunisien de l’Intérieur ont annoncé la réouverture du passage frontalier de Ras Jedir le 20 juin pour les personnes et les biens. La réouverture partielle sera entamée dès ce 13 juin, pour autoriser «l’accès des cas d’urgence, en l'occurrence pour les ambulances ou encore pour les diplomates».

Le passage frontalier avait été fermé le 19 mars à la suite d’affrontements ayant éclaté près de la frontière entre des groupes armés libyens. Ras Jedir est un véritable poumon économique et commercial pour les deux pays. Les échanges commerciaux entre la Tunisie et la Libye ont connu une stagnation importante à la suite de sa fermeture.

À Ben Guerdane, ville frontalière où tous les stocks viennent de Libye, les habitants traversaient la frontière par centaines pour s’approvisionner. Les Tunisiens qui vivaient de la revente des produits achetés beaucoup moins cher chez leurs voisins ont été durement touchés par la fermeture de la frontière. Et la situation, à 35 kilomètres de Ras Jedir, est aussi critique chez les Libyens qui ont vu leur commerce se ralentir.

Tripoli a mis fin à ce trouble. En présence du chef du gouvernement libyen, Abdulhamid Dabaiba, un accord sécuritaire a été conclu entre le ministre libyen de l’Intérieur Imed Trabelsi et son homologue tunisien Khaled Nouri pour annoncer la réouverture des frontières terrestres entre les deux pays.

De nouvelles mesures sécuritaires à la zone frontalière

L’accord sécuritaire signé entre Tripoli et Tunis a porté, en premier lieu, sur l’ouverture des quatre voies d’accès au niveau du passage frontalier ainsi que sur la question des homonymes suspects (noms similaires des individus à risque et impliqués dans des affaires de terrorisme). Lors de leur rencontre, les deux ministres ont également convenu de mettre en place six centres d’enregistrement électronique des véhicules libyens, de ne pas imposer des frais ou amendes non prévus aux usagers et de renforcer les opérations de contrôle sécuritaire aux points de passage.

Par ailleurs, le ministre libyen de l’Intérieur a réaffirmé la volonté de son pays de soutenir la Tunisie et son peuple. «Nous sommes prêts à allouer tout ce qui peut servir à la Tunisie sur les plans sécuritaire, économique et sociale», a-t-il déclaré dans une déclaration diffusée à l’antenne de la radio tunisienne Mosaïque FM. «La souveraineté nationale de la Libye et de la Tunisie sont une ligne rouge», a-t-il soutenu.

Le ministre tunisien Khaled Nouri a fait part de la volonté des deux pays d'affronter les défis sécuritaires communs, notamment «la question de la migration clandestine, le crime transfrontalier, la contrebande et tout ce qui pourrait entraver la sécurité des deux États». «Nous sommes un seul peuple, du même sang, nous partageons la même langue et la même religion. Tous ces éléments nous unissent pour faire face à ces défis sécuritaires», a-t-il souligné, d’après la même source.

Le passage de Ras Jedir est situé à Ben Guerdane, dans le gouvernorat de Médenine, au sud-est de la Tunisie, à environ 180 kilomètres de la capitale libyenne, Tripoli. Le deuxième passage frontalier est celui de Dhiba Wazen, dans la ville de Dhiba, situé dans le gouvernorat de Tataouine. Il est également fermé.