«En raison de la diffusion sur les réseaux sociaux de plusieurs messages haineux subversifs qui ont déjà provoqué des manifestations violentes [...] l'internet des données mobiles est suspendu ce mardi 13 février», a indiqué dans un communiqué le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique sénégalais.
L'accès aux données mobiles avait déjà été bloqué il y a huit jours, lorsque la loi reportant la présidentielle du 25 février au 15 décembre et prolongeant le mandat du président sortant Macky Sall avait été votée au Parlement.
Cette décision avait été sévèrement critiquée par les défenseurs des droits et par les partenaires du Sénégal, comme les États-Unis et l'Union européenne.
Internet avait été rétabli le 7 février. Les 9 et 10 février, des manifestations réprimées par les forces de sécurité ont fait trois morts, de nombreux blessés et provoqué d'importants dégâts matériels.
Les restrictions d'accès à internet sont désormais courantes dans un certain nombre de pays pour endiguer la contestation. Le Sénégal y avait recouru en juin 2023 dans un contexte de troubles.
Le préfet de Dakar, la capitale sénégalaise, a officiellement refusé ce 13 février l’autorisation d’une marche silencieuse prévue dans l'après-midi. Selon le portail d'information sénégalais Senego, cette marche avait pour objectif de contester la décision du président de la République de reporter l’élection présidentielle de février à décembre.
Inquiétudes à l’ONU
Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme s'est dit «profondément préoccupé» par la crise au Sénégal, dénonçant un «recours inutile et disproportionné à la force contre les manifestants et des restrictions de l'espace civique».
«Au moins trois jeunes hommes ont été tués pendant les manifestations et au moins 266 personnes auraient été arrêtées dans tout le pays, y compris des journalistes», a déclaré une porte-parole de l'institution, Liz Throssell, lors d'un point de presse à Genève. Des enquêtes «doivent être menées rapidement, de manière approfondie et indépendante, et les responsables doivent être amenés à rendre des comptes», a-t-elle ajouté.