Landing Camara (dit Diedhiou) est mort samedi 10 février au soir des suites de ses blessures à l'hôpital régional de Ziguinchor, fief de la figure de l'opposition emprisonné Ousmane Sonko, où des affrontements entre groupes de jeunes et forces de sécurité se sont poursuivis dans la journée.
Le président Macky Sall a pris de court tout le monde en reportant les élections à trois semaines du scrutin, une décision entérinée par l'Assemblée nationale qui a voté un ajournement de l'échéance électorale au 15 décembre, après avoir expulsé par la force les députés de l'opposition.
L'Assemblée a aussi voté le maintien au pouvoir de M. Sall jusqu'à la prise de fonctions de son successeur, vraisemblablement début 2025. Son deuxième mandat expirait officiellement le 2 avril.
Le 9 février, l'ensemble du pays a été secoué par une contestation d'ampleur. Les forces de l’ordre ont dispersé le moindre rassemblement en tirant des gaz lacrymogènes.
Heurts entre jeunes et forces de l’ordre
La majorité des villes ont retrouvé leur calme le 10 février, dont Dakar, la capitale. Mais à Ziguinchor, chef-lieu de Casamance, les heurts ont continué, mettant aux prises des dizaines de jeunes, parfois très jeunes, qui ont formé des barrages et jeté des pierres, aux forces de sécurité.
«Un jeune de 19 ans a reçu un projectile sur la tête et il est décédé de ses blessures à la réanimation hier soir », a déclaré ce 11 février à l'AFP un responsable hospitalier sous couvert de l'anonymat.
«Il y a eu plusieurs blessés graves pendant les manifestations et l'un est décédé. Il a été atteint d'une balle à la tête», a affirmé de son côté à l'AFP Abdou Sané, coordinateur du parti d'opposition Pastef à Ziguinchor.
Le garçon était un lycéen qui habitait le quartier communément appelé «Grand Dakar» à Ziguinchor, a-t-il précisé.
Une enquête a aussi été ouverte après la mort le 9 février d'un étudiant en géographie de 22 ans à Saint-Louis (nord) dans des circonstances encore floues. Un vendeur ambulant a également succombé à ses blessures le 10 février à Dakar, victime selon ses proches d'un tir de gendarme la veille.
Le report de la présidentielle a soulevé l’indignation de l'opposition, celle-ci criant au «coup d'Etat constitutionnel». Le 10 février, la mobilisation s'est étendue à la diaspora, avec des manifestations qui ont drainé quelques milliers de personnes à Paris et Berlin.
Manifestation mardi
La répression des manifestations au Sénégal a suscité l'indignation de l'opposition. «Nous prenons à témoin la communauté régionale et internationale, face aux dérives de ce pouvoir finissant», a déclaré Khalifa Sall, l'un des principaux candidats à la présidentielle.
La coalition du candidat antisystème Bassirou Diomaye Faye, qui a reçu le soutien d'Ousmane Sonko, a dénoncé «la brutalité des forces de sécurité qui ont exercé des violences inouïes».
Une nouvelle manifestation lancée par un collectif de la société civile, Aar Sunu Election («Protégeons notre élection»), est prévue mardi 13 février. «Il faut une stratégie de lutte citoyenne. La désobéissance civile est une arme que l'on va utiliser pour mettre ce pays à l'arrêt et rétablir la légalité constitutionnelle», a déclaré à l'AFP Malick Diop, coordinateur de ce collectif.