L'Egypte prête à une intervention «directe» en Libye si le GNA continue sa progression

- Avec AFP

L'Egypte prête à une intervention «directe» en Libye si le GNA continue sa progression© AFP PHOTO / HO / EGYPTIAN PRESIDENCY
Le chef d'Etat égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, en conférence avec son ministre de la Défense et le commandant de la marine, au palais présidentiel du Caire, le 21 décembre 2019 (image d'illustration).
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Abdel Fattah al-Sissi, qui soutient le maréchal Haftar en Libye, a fait savoir qu'une «intervention directe» de l’Egypte dans ce pays était «devenue légitime au niveau international». Le gouvernement d'union nationale libyen dénonce une ingérence.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a prévenu le 20 juin que toute avancée des forces du Gouvernement d'union nationale (GNA) de Libye, reconnu par les Nations unies et soutenu militairement par la Turquie, vers la ville stratégique libyenne de Syrte pourrait mener à une intervention «directe» du Caire.

Avec l'appui d'Ankara, les forces loyales au GNA (basé à Tripoli) ont engrangé d'importantes victoires depuis début juin, reprenant le contrôle de l'ensemble du nord-ouest de la Libye. Les troupes rivales du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'Est libyen soutenu, entre autres, par l'Egypte, n'ont pour leur part cessé de reculer ces dernières semaines, essuyant des revers sur le terrain qui ont signé l'échec de leur offensive sur Tripoli lancée en avril 2019. Les forces du GNA restent néanmoins freinées dans leur avancée vers la ville côtière de Syrte, verrou stratégique vers l'est et sous contrôle du maréchal Haftar.

Toute intervention directe de l'Egypte est devenue légitime au niveau international

Syrte, ainsi qu'Al-Joufra plus au sud, représentent une «ligne rouge», a averti Abdel Fattah al-Sissi lors d'un discours retransmis à la télévision. Si cette ligne est franchie, la sécurité de l'Egypte, qui partage une frontière avec la Libye, nécessitera une «intervention directe» des forces égyptiennes dans le pays, a-t-il déclaré. «Toute intervention directe de l'Egypte est devenue légitime au niveau international, que ce soit au regard de la charte de l'ONU sur la légitime défense, ou qu'elle se base sur la seule autorité légitime élue par le peuple libyen : le Parlement libyen [basé dans l'Est et soutenant le maréchal Haftar]», a affirmé le chef d'Etat égyptien. «Si le peuple libyen nous demande d'intervenir, c'est un signal envoyé au monde que l'Egypte et la Libye partagent […] des intérêts communs, la sécurité et la stabilité», a-t-il ajouté.

Pour le GNA, il s'agit d'une «ingérence dans les affaires [internes] et une menace grave pour la sécurité nationale de la Libye [et la] paix internationale», a déclaré Mohamad Amari Zayed, membre du Conseil présidentiel du GNA. «Il ne peut y avoir de lignes rouges à l'intérieur de nos frontières et sur nos terres», a-t-il martelé, ajoutant : «Aucune partie étrangère n'aura d'autorité sur son peuple.»

La Turquie exige le retrait des forces d'Haftar de Syrte

Ankara a de son côté exigé, le 20 juin, le retrait des troupes du maréchal Haftar de la ville de Syrte comme condition préalable à toute trêve. «Un cessez-le-feu doit être viable […] ce qui veut dire que les forces de Haftar doivent se retirer de Syrte et d'al-Joufra», a déclaré le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin, lors d'un entretien avec l'AFP à Istanbul.

Ces avertissements successifs interviennent après l'invitation lancée par Le Caire, et refusée le soir du 19 juin par le GNA, d'assister à une réunion d'urgence sur la Libye de la Ligue arabe, dont le siège est basé dans la capitale égyptienne.

Le GNA et la Turquie ont fait part de leur scepticisme, considérant l'initiative égyptienne comme une manière de faire gagner du temps au maréchal Haftar.

Les Emirats arabes unis ont affirmé le 20 juin être «au côté de l'Egypte pour toutes les mesures qu'elle prend pour assurer la sécurité et la stabilité» face au conflit en Libye, selon le ministère des Affaires étrangères. Le chef de la diplomatie saoudienne a lui aussi manifesté son «soutien à l'Egypte quant à son droit à défendre ses frontières et son peuple contre l'extrémisme, les milices terroristes et leurs soutiens dans la région».

Vifs échanges entre Paris et Ankara

Ankara (qui discute également avec Moscou dans le but de parvenir à un nouveau cessez-le-feu en Libye après l'échec de plusieurs trêves précédentes) a en outre tancé la France, accusée de soutenir le maréchal – ce qu'a déjà réfuté Paris. «Le gouvernement français soutient un chef de guerre illégitime», a dénoncé le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin. «Malgré tout cela, ils […] continuent de nous critiquer. Mais nous travaillons avec les acteurs légitimes, et c'est la France qui travaille avec les mauvais acteurs», a déclaré également l'officiel turc.

Mercredi 17 juin, lors d'une réunion en visioconférence des ministres de la Défense de l'OTAN – dont Ankara et Paris sont membres –, la France avait reproché à la Turquie son comportement «extrêmement agressif» contre une de ses frégates en Méditerranée, et martelé que l'implication d'Ankara sapait tout effort de trêve en Libye.

Sur un autre front diplomatique, le chef du GNA, Fayez al-Sarraj, a rencontré samedi 20 juin à Alger le président Abdelmadjid Tebboune, qui cherche à jouer un rôle de médiateur dans le dossier libyen.

Depuis le renversement de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est plongée dans le chaos et une guerre protéiforme, complexifiée par la présence accrue d'acteurs internationaux.

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