Nucléaire iranien : dépassée, l'échéance pour trouver un accord a été repoussée
La date de fin des négociations sur le programme nucléaire iranien a été dépassée, vendredi 10 juillet. Les pourparlers doivent continuer jusqu'à lundi.
C'était la dernière échéance : plusieurs fois repoussée, la fin des négociations entre l'Iran et les puissances du groupe des 5+1 sur le programme nucléaire iranien devaient prendre fin vendredi 10 juillet. La date est passée, mais les négociations devraient continuer pendant le weekend, voire même jusqu'à lundi. En cause : l'impossibilité pour les différentes parties d'arriver à un accord qui satisfasse toutes les parties assises autour de la table.
Une situation qui entretient le doute sur la possibilité des différents partenaires de tomber d'accord, alors que les Etats-Unis avaient affirmé, dimanche 5 juillet, par la voix de leur secrétaire d'Etat John Kerry, qu'ils quitterait la table des négociations dès que la nouvelle échéance serait atteinte.
En savoir plus : Nucléaire iranien : Les USA menacent d'«arrêter les négociations s'il y a de la mauvaise volonté»
De retour à Vienne, reprise des discussions #IranTalkspic.twitter.com/kFJ7RmYwCQ
— Laurent Fabius (@LaurentFabius) 9 Juillet 2015
Des accusations multilatérales
Depuis maintenant plus de vingt mois, les puissances de groupe des 5+1 (Etats-Unis, France, Russie, Royaume-Uni, Chine et Allemagne) sont en pourparlers avec la République islamique d'Iran. Le but des 5+1 : réduire le nombre des centrifugeuses d'uranium que possède Téhéran et garantir aux observateurs de l'Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) l'accès aux installations nucléaires iraniennes. Ces derniers doivent s'assurer que l'Iran ne fabrique pas d'armes nucléaires en secret.
Pour Téhéran, l'objectif consiste à obtenir la levée des sanctions qui pèsent sur le pays depuis le lancement de son programme nucléaire et qui paralysent son économie. L'interdiction de vendre des produits pétroliers raffinés, le blocage des transactions bancaires et d'assurance, notamment, contribuent à immobiliser l'économie iranienne.
Des deux côtés de la table, donc, des leviers doivent permettre à un accord satisfaisant chacune des parties de voir le jour. Pourtant, des obstacle persistants continuer à bloquer le dialogue. Côté iranien, on juge les exigences des 5+1 «excessives». Le terme a été utilisé par le premier vice-président iranien Es-Hagh Jahanguiri qui a affirmé que «si l'Ouest renonce à ses demandes excessives, nous parviendrons certainement à un accord».
Un point de vue appuyé par le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, pour qui «plusieurs pays [des 5+1 font preuve de] demandes excessives». L'homme ajoutant que les représentants du groupe des 5+1 «ne sont pas tous d'accords entre-eux, ce qui rend la tâche plus difficile encore».
We're working hard, but not rushed, to get the job done. Mark my words; you can't change horses in the middle of a stream. #IranTalksVienna
— Javad Zarif (@JZarif) 9 Juillet 2015
Pour ne pas le faire mentir, les représentants du groupe des 5+1 sont incapables de répondre à ces critiques d'une seule et même voix. Vendredi 10 juillet, le ministre britannique des Affaires étrangères, Philipp Hammond, se montrait optimiste, arguant que les experts travaillant sur le dossier allaient «rendre plus clairs les textes et nous permettre de nous regrouper et de voir si nous parvenons à surmonter les derniers obstacles», tout en reconnaissant que les négociations étaient «douloureusement lentes».
Le chef de la diplomatie américaine n'affichait pas autant d'optimisme que son homologue britannique, précisant que Washington ne pourrait pas «attendre éternellement» qu'une décision soit prise. «Nous travaillons dur», a affirmé John Kerry, tout en soulignant que «le président Obama a été très clair avec moi […] Si des décisions difficiles ne parviennent pas à être prises, nous sommes tout à fait préparés à mettre fin à ce processus».
Met with @FedericaMog and @JZarif this AM. Still have difficult issues to resolve. #IranTalksVienna
— John Kerry (@JohnKerry) 11 Juillet 2015
Egalement présente à la table des négociations, la ministre des Affaires étrangères européennes, l'italienne Federica Mogherini, a affirmé à nos confrères de CNN que les parties «sont très proches [d'un accord] mais que si des décisions importantes, historiques ne sont pas prises durant les prochaines heures, nous n'y parviendrons pas».
Des sons de cloches différents avec pourtant un dénominateur commun : la nécessité de prendre des décisions rapidement.
Le pétrole : un moyen de survie pour l'Iran
Si un accord est extrêmement important, ce n'est pas seulement, comme l'affirme le président russe Vladimir Poutine, pour assurer la sécurité à l'échelle mondiale. A Téhéran, l'urgence est de parvenir à une levée des sanctions qui empêchent le développement économique du pays. L'économie iranienne est en panne, faute pour Téhéran de pouvoir exporter sa principale matière première : le pétrole, ainsi que ses dérivés raffinés qui constituent sa principale ressource financière. Si d'autres sanctions pèsent lourdement sur le pays, à l'instar du blocage des transactions bancaires et d'assurance, ainsi que l'interdiction d'importer des produits militaires ou nucléaires, aucune n'a d'effets aussi néfastes sur sa santé économique.
#World: Time Is Running Out for Iran: Just as has been the case everytime nuclearnegotiati... http://t.co/UoE8GhFYfz via .@TheNewsHype
— The News Hype(@TheNewsHype) 26 Novembre 2014Si les négociations échouent, Téhéran ne pourra pas bénéficier d'une levée permanente des sanctions qui entraînera un gros manque à gagner pour la République islamique. Cette dernière avait en effet annoncé son objectif de doubler ses exportations d'hydrocarbures (de 1,2 à 2,3 millions de barils par jour) en cas d'accord. Une augmentation de la production qui assurerait une sécurité économique au pays, en admettant que celui-ci trouve des acheteurs.
Mais une levée des sanctions n'est en fin de compte pas le dernier obstacle que l'Iran devra surmonter pour retrouver son rang au sein des pays exportateurs de pétrole. La surabondance de l'offre de pétrole sur les marchés ont fait baisser les cours de l'or noir depuis 2014 et l'arrivée de la production iranienne risquerait de provoquer une nouvelle baisse des prix du baril.