Julian Assange : l’UE risque de créer «un dangereux précédent» par son intervention en Libye
En engageant les hostilités contre les «trafiquants» par son intervention militaire, l’Union européenne risque de créer «un précédent dangereux» et mettre les vies de personnes innocentes en péril, juge Julian Assange.
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— Stef. (@_5T3F4N_) 28 Mai 2015
Les commentaires du célèbre lanceur d’alerte font suite à la publication par Wikileaks cette semaine de deux documents classifiés révélant les détails du plan de l’UE d’intervention militaire pour limiter l’afflux de migrants, ainsi que la stratégie d’information pour «faciliter la gestion des attentes» au cours de cette mission.
En résumé, les documents indiquent que seront pris pour cible les bateaux le long des côtes ainsi que les réseaux de transport et les infrastructures sur les frontières libyennes.
L’utilisation de la force dans de telles situations est une chose «très nouvelle», a dit Assange à l’émission d’information Democracy Now. «Cela sera la première fois que l’UE en tant que force militaire – pas l’OTAN, mais l’UE – sera engagée dans des hostilités».
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— Democracy Now! (@democracynow) 28 Mai 2015
En utilisant la force contre «les trafiquants de réfugiés», selon le plan, l’UE de ce fait «rendra service à Daesh», a dit Julian Assange. «Ce sont des personnes expulsées de Libye par des groupes djihadistes ou autres factions, y compris Daesh. Donc, je pense que c’est un précédent plutôt dangereux».
Assange note que les plans qui ont fuité ont un objectif en tête – celui de détruire l’infrastructure du trafic de réfugiés, et, apparemment, toutes les personnes impliquées dans celui-ci.
«Ils veulent les faire exploser, les saboter. Les détruire par des moyens militaires – voilà ce qui est spécifié», a dit Assange. «La façon dont ils parlent des passeurs dans le document est telle que vous avez l’impression que les passeurs eux-mêmes seront une cible militaire», a-t-il souligné.
Et concernant les possibles dommages collatéraux parmi les réfugiés, Assange pense que l’UE «pourra ou ne pourra pas» effectuer des opérations de surveillance pour s’assurer qu’aucun civil ne sera touché.
«Peut-être, sont-ils indifférents aux gens», a-t-il dit. «Ils ont l’intention au minimum de mettre en péril la vie des refugiés en faisant exploser leurs navires», a ajouté le lanceur d’alerte, en indiquant que les documents fuités visent aussi à demander aux médias européens de minimiser les risques de ces opérations, pour le bien de la réputation de l’UE si quelque chose devait mal tourner.
Assange a poursuivi en accusant les pays européens d’avoir conclu des arrangements avec les rebelles libyens suite à la chute du colonel Mouammar Kadhafi en 2011. Avoir une présence physique le long des côtes libyennes rentre dans le cadre de ces accords, dit-il.
«Des accords sur un partage fait avec les rebelles libyens, la part que l’Italie obtiendrait, la part que la France obtiendrait», a-t-il dit. «Donc, cela pourrait très bien être une excuse pour poser pied sur le sol libyen. Et ainsi établir une violation de la souveraineté libyenne».
«Maintenant, une fois établis sur les côtes du nord de la Libye, la question est que se passera-t-il après», s’est demandé Assange.