Russie

Poutine aux responsables européens agitant la «menace russe» : «Calmez-vous, dormez sur vos deux oreilles et mêlez-vous de vos affaires»

Le président russe Vladimir Poutine s’est exprimé lors de la séance plénière du club Valdaï, abordant un large éventail de sujets : la saisie d’un pétrolier par la France, la possible livraison de missiles Tomahawk à l’Ukraine, la supériorité de l’armée russe, le conflit ukrainien ainsi que la question des exercices nucléaires.

Jeudi 2 octobre

Poutine juge incertain l’avenir du traité New START

Vladimir Poutine a reconnu qu’il lui était difficile de dire ce qu’il adviendrait du traité sur la réduction des armes stratégiques (New START) dans un an, même si les États-Unis acceptaient la proposition russe. Il a ajouté que si Washington ne voyait pas d’intérêt à prolonger l’accord, Moscou n’en verrait pas non plus.

Orechnik et le bouclier nucléaire

Vladimir Poutine a affirmé que la Russie disposait désormais de nombreux systèmes d’armement modernes, citant notamment le complexe Orechnik. Il a ajouté que de nouveaux développements dans le domaine de l’hypersonique étaient en cours.

Le président a insisté sur la fiabilité du « bouclier nucléaire » du pays, précisant que la Russie possédait plus d’armes nucléaires que les États-Unis. Il a toutefois rappelé que Moscou ne déployait pas d’armes nucléaires tactiques à l’étranger, à l’exception de la Biélorussie.

Le chef d'État a souligné que ce type d’armement était plusieurs fois plus puissant que les bombes larguées par les États-Unis sur Hiroshima et Nagasaki. Il a mis en garde contre les préparatifs de certains États en vue de nouveaux essais nucléaires, affirmant que la Russie réagirait de manière symétrique si de tels tests venaient à être menés.

Helsinki et Stockholm ont sacrifié leur neutralité pour l'OTAN

Vladimir Poutine a qualifié de « stupidité » la décision de la Finlande et de la Suède de rejoindre l’OTAN. Il a affirmé que la Russie avait déjà réglé toutes ses questions historiques avec la Suède lors de la bataille de Poltava de 1709 et avec la Finlande à l’issue de la Seconde Guerre mondiale.

Selon lui, ces deux pays, en intégrant l’Alliance atlantique, ont perdu l’avantage que leur conférait leur statut de neutralité. Il a rappelé que la Russie n’avait jusque-là pas de forces armées stationnées dans les régions frontalières avec la Finlande. Mais il a averti que cela allait désormais changer.

Les Tomahawk ne changeraient rien sur le champ de bataille

Vladimir Poutine a déclaré que l’éventuelle fourniture par les États-Unis de missiles Tomahawk à l’Ukraine n’aurait aucun impact significatif sur le déroulement du conflit. Il a rappelé que la Russie s’était déjà adaptée à la présence des missiles ATACMS et avait appris à les neutraliser.

Le président russe a reconnu que les Tomahawk, bien que technologiquement datés, restaient des armes puissantes. Il a néanmoins affirmé que leur emploi par Kiev nuirait aux relations russo-américaines, soulignant que leur utilisation, sans implication directe des États-Unis, était en réalité impossible.

Il a jugé dangereuses les spéculations autour de ces livraisons et a répété que les problèmes structurels des forces armées ukrainiennes demeuraient inchangés : selon lui, ni l’apport de drones ni la multiplication des systèmes d’armes ne pouvaient compenser l’absence de personnel suffisant.

Le chef d'État n’a pas exclu que les annonces américaines sur les Tomahawk visent à détourner l’attention de difficultés intérieures aux États-Unis.

La saisie d’un pétrolier par la France en eaux internationales qualifiée de piraterie

Vladimir Poutine a dénoncé l’interception par la France d’un pétrolier en eaux internationales, qu’il a qualifiée d’acte de piraterie. Il a expliqué que le navire avait été arraisonné sans aucun fondement. Selon lui, les autorités françaises semblaient rechercher à bord des cargaisons militaires ou des drones, qui n’étaient pas présents et ne pouvaient pas l’être.

Le président russe a précisé que le pétrolier battait pavillon d’un pays tiers et que son équipage était composé de marins de différentes nationalités. Il a ajouté qu’il ignorait dans quelle mesure cet incident concernait directement la Russie, mais a confirmé qu’un tel fait s’était bien produit.

« Mais de quoi s'agit-il réellement ? Est-ce si important pour la France ? Oui, c'est important. Savez-vous pourquoi ? En raison de la situation politique difficile pour les dirigeants français. Parce qu'ils n'ont aucun autre moyen de détourner l'attention de la population, des citoyens français, des problèmes complexes et difficiles à résoudre au sein même de la République française », a estimé Poutine.

L'Europe en déclin

Vladimir Poutine a estimé que l’Union européenne restait un centre civilisationnel puissant, mais en voie d’affaiblissement. Il a affirmé que l’Europe, « telle que nous l’avons tant aimée », était en train de disparaître. Le président russe a souligné que la stagnation économique du bloc ne datait pas d’hier et qu’elle se poursuivrait dans les années à venir. Il a ajouté que l’immigration incontrôlée, entre autres, fragilisait l’Europe de l’intérieur et que le continent continuerait à décliner.

Le chef d'État a noté que l’interdiction d’importer le pétrole et le gaz russes était liée, entre autres, à une perte de souveraineté. Il a conclu en affirmant que lorsqu’un État perd sa souveraineté, « tout finit par s’effondrer ».

Poutine met en garde contre les frappes ukrainiennes autour de la centrale de Zaporojié

Vladimir Poutine a affirmé que l’Ukraine poursuivait ses frappes dans les environs de la centrale nucléaire de Zaporojié, précisant qu’aucun tir direct n’avait atteint la centrale.

Il a estimé que les autorités de Kiev devaient réfléchir aux conséquences de leurs actions, rappelant que d’autres centrales se trouvaient sur le territoire ukrainien et que la Russie pourrait répondre de manière symétrique.

Le président russe a qualifié ces frappes de pratique extrêmement dangereuse et a exhorté à y mettre fin.

800 millions de dollars tirés de l’uranium vendu aux États-Unis

Vladimir Poutine a déclaré que la Russie avait gagné environ 800 millions de dollars l’année dernière grâce à la vente d’uranium aux États-Unis.

Inde : renoncer à l’énergie russe serait une perte inutile

Vladimir Poutine a estimé que les pertes de l’Inde en cas de sanctions seraient comparables à celles qu’elle subirait si elle renonçait aux ressources énergétiques russes. Il a mis en question la logique d’un tel choix, soulignant qu’une telle décision ne ferait qu’affaiblir New Delhi sans apporter de bénéfice réel.

Poutine rend hommage à un Américain tombé en Ukraine pour la Russie

Vladimir Poutine a affirmé qu’il n’avait appris qu’au moment de signer le décret de décoration que le fils de la directrice adjointe de la CIA, Michael Gloss, avait participé au conflit en Ukraine. Selon lui, ce dernier avait combattu en première ligne avec courage et mérite. Bien qu’Américain, il était, par son engagement, un « soldat russe », a-t-il estimé.

Le président a raconté qu’alors qu’il saignait lui-même, il essayait d’aider son compagnon d’armes russe, ce qui, selon lui, témoignait d’un véritable héroïsme. « Comment dit-on dans l’hymne national américain ? "La patrie des courageux". Voici un homme courageux qui l’a vraiment prouvé par ses actions et sa vie », a-t-il ajouté.

Le 21 août, CNN a rapporté que l’envoyé spécial de la Maison Blanche, Steve Witkoff, avait remis une médaille russe, au nom du président Vladimir Poutine, à la directrice adjointe de la CIA, Juliane Gallina, dont le fils a été tué en combattant pour la Russie lors du conflit en Ukraine.

Le fils de Juliane Gallina, Michael Gloss, âgé de 21 ans, avait quitté le domicile familial en 2023. Après un voyage en Europe, il s’était secrètement engagé dans l’armée russe en septembre de la même année, a déclaré son père au Washington Post.

Gloss a été tué le 4 avril 2024 dans la République populaire de Donetsk, selon le certificat de décès russe remis à sa famille. Son père a indiqué que les documents mentionnaient une « grave hémorragie » comme cause du décès, et qu’il était mort alors qu’il tentait de secourir un camarade blessé lors d’une frappe d’artillerie. Sa dépouille a été rapatriée aux États-Unis en décembre et il a été incinéré dans sa ville natale.

Poutine : les Européens fuient vers la Russie à cause du « terrorisme du genre »

Vladimir Poutine a indiqué qu’environ deux mille citoyens de pays occidentaux, principalement européens, avaient déposé une demande de naturalisation en Russie.

Selon lui, ces démarches s’expliquent par le climat idéologique qui règne en Europe, où certains phénomènes sociétaux, qu’il a qualifiés de « terrorisme du genre », poussent des personnes à quitter leurs pays et à chercher refuge en Russie.

« Ils sont plus nombreux [à venir] des pays européens, parce que là-bas règne ce que j’appelle le terrorisme du genre, qui vise les enfants et que rejettent de nombreuses personnes. Elles cherchent un havre de paix pour y échapper. Donc elles viennent chez nous. Tant mieux, nous allons les soutenir dans la mesure du possible », a fait savoir le président russe.

La question palestinienne

Vladimir Poutine a qualifié la situation dans la bande de Gaza d’événement tragique de l’histoire contemporaine de l’humanité. Il a affirmé que la Russie était prête à soutenir la proposition de Donald Trump sur ce dossier.

Le président russe a rappelé que le règlement définitif du conflit israélo-palestinien ne pouvait passer que par la mise en place du principe de deux États, l’un israélien et l’autre palestinien. Il a jugé préférable de confier le contrôle de Gaza au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.

Poutine a estimé que l’initiative de Trump, prévoyant la libération de tous les otages à Gaza en échange de la libération de prisonniers palestiniens, méritait d’être appuyée.

Vers un retour aux négociations ?

Vladimir Poutine a déclaré qu’il espérait que l’Ukraine trouverait la force et la volonté de s’asseoir à la table des négociations afin d’engager un processus de règlement. « Les dirigeants de Kiev feraient mieux de réfléchir à des négociations. Nous en avons parlé à plusieurs reprises et nous leur avons proposé de le faire », a-t-il affirmé.

La Russie conserve l’initiative stratégique face à l’Ukraine

Vladimir Poutine a déclaré que le courage, la bravoure et l’héroïsme des soldats russes restaient immuables, et que le pays en éprouvait une fierté légitime. Il a précisé que, par « soldats russes », il entendait non seulement les Russes de souche, mais aussi tous ceux qui aiment et servent la Russie.

Le président a affirmé que l’armée russe constituait aujourd’hui la force la plus opérationnelle au monde, tant par sa préparation que par ses capacités techniques. Il a ajouté que, sur l’ensemble de la ligne de front, les troupes avançaient de manière régulière et conservaient partout l’initiative stratégique. Selon lui, Volchansk tombera bientôt. Deux tiers de Koupiansk sont déjà sous contrôle russe. Il a également annoncé l’entrée de l’armée russe à Seversk, Konstantinovka et Krasnoarmeïsk, précisant que certaines positions faisaient partie de lignes défensives construites par les forces ukrainiennes avec l’appui occidental depuis plus de dix ans.

Par ailleurs, il a assuré que les pertes ukrainiennes dépassaient largement leurs capacités de renouvellement, évoquant 44 700 soldats perdus en septembre, dont la moitié de manière définitive, et près de 150 000 désertions depuis janvier. Il a insisté sur le fait que les pertes russes étaient plusieurs fois moindres et que la Russie, contrairement à l’Ukraine, ne procédait pas à une mobilisation massive ou forcée.

Pour Poutine, les élites politiques ukrainiennes ne participent pas directement aux combats et se contentent d’envoyer leurs citoyens « à l’abattoir », ce qui expliquerait l’ampleur du phénomène de désertion dans l’armée.

L’OTAN est directement impliquée dans le conflit en Ukraine

Vladimir Poutine a affirmé que la Russie affronte en réalité de nombreux pays et que tous les États membres de l’OTAN participent de fait aux hostilités, sans même chercher à le dissimuler. Il a ajouté que l’implication de l’Alliance ne se limitait pas à la formation des forces armées ukrainiennes : selon lui, les instructeurs de l’OTAN prennent également part à la mise en œuvre concrète des décisions militaires.

Poutine refuse la comparaison avec Alexandre Ier

Vladimir Poutine a affirmé qu’il ne se considérait pas comme un « empereur », même si l’affaiblissement des institutions et des structures internationales oblige aujourd’hui les chefs d’État à assumer davantage de responsabilités personnelles.

Le modérateur, qui évoquait les discussions menées à Valdaï autour de la perte de poids des mécanismes multilatéraux et de la montée en puissance du rôle des dirigeants, lui avait demandé s’il se voyait dans le rôle de l’empereur Alexandre Ier, qui avait négocié l’avenir de l’Europe lors du Congrès de Vienne.

Le président a répondu qu’il ne ressentait aucune similitude : Alexandre Ier était un empereur, tandis que lui-même est un président élu par le peuple pour un mandat déterminé, ce qui constitue, selon lui, une différence fondamentale.

Le chef d’État a ajouté qu’Alexandre Ier avait « uni l’Europe par la force » après avoir repoussé l’envahisseur de Russie, mais il a souligné que l’évaluation des choix de l’empereur russe et du Congrès de Vienne relevait du travail des historiens.

Le Congrès de Vienne s’était réuni en 1814, après la défaite de la France napoléonienne, afin de redéfinir l’organisation de l’Europe à l’issue du conflit continental. La Russie y était représentée notamment par Alexandre Ier en personne.

Poutine affirme la permanence du rôle de la Russie sur la scène mondiale

Vladimir Poutine a déclaré que la Russie avait démontré qu’elle a été, est et restera toujours un acteur incontournable. Selon lui, grâce à son héritage historique, le pays est mieux préparé que d’autres à affronter la complexité de la situation internationale actuelle. Le président russe a ajouté que, même si le rôle de la Russie évolue, elle demeure une puissance sans laquelle il est difficile, voire impossible, d’atteindre l’harmonie et l’équilibre dans le monde.

Entre désaccords et intérêts communs, Poutine défend le dialogue avec les États-Unis

Vladimir Poutine a estimé qu’il est plus facile de trouver un langage commun entre pays lorsqu’on met de côté certaines ambitions, prenant pour exemple l’attitude des États-Unis. Il a affirmé que la restauration de relations complètes avec Washington faisait partie des intérêts nationaux de la Russie.

Selon lui, l’administration américaine actuelle agit en fonction des intérêts de son propre pays, ce qu’il a qualifié d’approche rationnelle. Il a cependant rappelé que la Russie se réserve, elle aussi, le droit de défendre avant tout ses propres priorités nationales.

Le président russe a reconnu que Moscou et Washington avaient de nombreux désaccords et des visions divergentes. Il a toutefois souligné qu’il s’agissait d’une situation normale pour de grandes puissances et que l’essentiel était de savoir comment résoudre ces différends.

Une nouvelle vague de décolonisation

Vladimir Poutine a affirmé qu’une véritable vague de décolonisation gagnait en ampleur. Selon lui, les anciennes colonies ne se contentent plus de leur souveraineté étatique, mais acquièrent également une autonomie politique, économique, culturelle et intellectuelle.

Le président russe a estimé que ceux qui respectent leurs propres traditions n’ont généralement pas tendance à empiéter sur celles des autres, faisant allusion aux pays occidentaux.

Il a ajouté que l’époque où « un cercle restreint d’États parmi les plus puissants dictait aux autres leur manière de vivre » appartient désormais au passé et ne reviendra plus.

L’Occident a sacrifié l’Ukraine à ses propres intérêts

Vladimir Poutine a affirmé que ceux qui avaient poussé l’Ukraine à la confrontation avec la Russie ne se souciaient pas seulement des intérêts russes, mais aussi de ceux du peuple ukrainien, qu’ils considéraient comme une simple variable sacrificielle. Il a estimé que si Donald Trump avait été au pouvoir à l’époque, le conflit aurait probablement pu être évité.

Selon lui, la tragédie ukrainienne demeure une douleur partagée par les Ukrainiens comme par les Russes.

Le président russe a ajouté que, pour l’Occident, la situation en Ukraine n’était qu’une carte dans une partie plus vaste, un prétexte pour poursuivre ses propres objectifs et même tirer profit du conflit en cours. Il a souligné que l’expansion de l’OTAN vers les frontières de la Russie avait été l’un des facteurs déterminants du conflit.

Le chef d’État a noté qu’en dépit des tentatives de propagande menées par les autorités ukrainiennes, on observe des signes clairs de changement dans la conscience collective du pays. Il a regretté que les hostilités n’aient pas encore cessé, attribuant cet échec principalement à l’Europe.

Poutine : l’ONU, fragile mais irremplaçable

Vladimir Poutine a reconnu que l’Organisation des Nations unies rencontrait de nombreuses difficultés, tout en affirmant qu’aucune alternative crédible n’existait aujourd’hui. Selon lui, le monde est entré dans une longue phase de recherche d’équilibre, qui se déroule souvent « à tâtons ».

Le président russe a rappelé que l’ONU avait intégré une grande diversité de cultures et de traditions, devenant ainsi multipolaire bien avant que le monde ne le devienne. Il a insisté sur l’importance d’adapter l’organisation aux réalités contemporaines, sans en dénaturer le sens initial.

Le chef d’État a résumé les défis actuels par une formule ironique, évoquant non pas des Nations « unies », mais des Nations « désunies ».

Poutine prône une réponse collective aux défis de sécurité mondiale

Vladimir Poutine a estimé qu’aujourd’hui, aucun pays ne peut réellement se sentir en sécurité. À ses yeux, les problèmes globaux doivent être abordés de manière pragmatique. Il a rappelé que les conflits et les affrontements d’intérêts ont toujours existé et continueront d’exister, la véritable question étant la façon de les résoudre.

Le président russe a souligné que la sécurité de l’humanité dépend directement de sa capacité à répondre aux défis contemporains. Il a insisté sur le fait que la notion de sécurité internationale est devenue encore plus complexe qu’auparavant et qu’il est indispensable de reconnaître qu’elle constitue une responsabilité partagée. D’après lui, des réponses viables ne peuvent émerger que d’une recherche collective et concertée.

Poutine rejette l’idée d’une guerre avec l’OTAN et met en garde contre la militarisation de l’Europe

Vladimir Poutine a qualifié d’« absurdité » les affirmations selon lesquelles la Russie préparerait une attaque contre l’OTAN. Il a dénoncé le « mantra » de certains responsables européens évoquant une guerre imminente avec Moscou, y voyant une tentative de masquer les fractures internes du continent par la création d’un ennemi extérieur.

Le président russe a cependant averti que la Russie suivait avec attention l’accélération de la militarisation européenne et que ses réponses ne se feraient pas attendre.

« Si quelqu’un veut se mesurer à nous, qu’il essaie. La Russie l’a déjà prouvé à maintes reprises : quand notre tranquillité, notre paix et notre État sont menacés, nous répondons rapidement. L’histoire montre que la faiblesse n’est pas permise. Jamais la Russie ne fera preuve de faiblesse. »

Poutine affirme la fierté de la Russie et son rôle indispensable dans l’équilibre mondial

Vladimir Poutine a déclaré que la Russie éprouve une fierté légitime pour ses forces armées, son économie et, plus largement, pour ses citoyens.

« Le système dont on a voulu nous exclure, nous faire sortir, n’abandonne tout simplement pas la Russie, car celle-ci lui est indispensable en tant que composante très importante de l’équilibre mondial. Non seulement en raison de son territoire, de sa population, de son potentiel militaire, technologique et industriel, de ses ressources minérales — même si tout ce que je viens de mentionner est, bien sûr, très important. Ce sont des facteurs essentiels. Mais surtout parce que, sans la Russie, l’équilibre mondial ne peut être établi, que ce soit l’équilibre économique, stratégique, culturel, logistique ou autre. Mais je pense que ceux qui ont essayé de détruire tout cela en ont pris conscience. »

Les sanctions contre la Russie ont échoué

Vladimir Poutine a rappelé que, par le nombre de mesures punitives imposées, pudiquement appelées « sanctions », la Russie détient un record mondial absolu. Il a toutefois affirmé que ces tentatives n’avaient pas atteint leurs objectifs et s’étaient soldées par un échec retentissant. Selon lui, les adversaires de Moscou ont déployé d’immenses efforts ces dernières années pour tenter d’exclure la Russie du système international, de l’enfermer dans un isolement politique, culturelle et informationnelle, et de la pousser vers une autarcie économique. Mais malgré plus de trente vagues de restrictions, « ces efforts se sont effondrés », a-t-il souligné.

Le président russe a insisté sur la résilience exceptionnelle dont a fait preuve la Russie, qui a démontré une capacité de résistance à des pressions extérieures d’une intensité telle qu’elles auraient pu briser non seulement un État isolé, mais même une coalition entière.

La puissance a toujours ses limites, rappelle Vladimir Poutine

Lors de son intervention, Vladimir Poutine a souligné que toute puissance finit par rencontrer ses propres bornes. Il a illustré cette idée par une métaphore : à chaque levier de force s’oppose, tôt ou tard, un contrepoids.

Le président russe a accusé l’establishment occidental de tromper ses citoyens en attisant les tensions. Il a également affirmé qu’on ne peut indéfiniment transformer les procédures démocratiques en simulacre.

Dans certains pays, a-t-il ajouté, on tente d’interdire les opposants politiques qui gagnent en influence, mais de tels interdits se révèlent inefficaces à long terme.

Poutine dénonce l’échec de l’hégémonie occidentale et plaide pour un monde multipolaire

Vladimir Poutine a décrit la situation internationale actuelle comme un espace créatif, marqué par une pluralité d’acteurs. Selon lui, jamais la scène mondiale n’avait compté autant d’États désireux d’exercer une influence. Il a souligné que toute décision durable ne peut reposer que sur des accords acceptés par tous, ou du moins par la majorité, faute de quoi elle est inapplicable.

Pour le président russe, l’échec de l’hégémonie n’est qu’une question de temps : la multipolarité est née directement des tentatives de l’Occident de préserver son emprise sur le monde. Plus personne, a-t-il insisté, n’est prêt à jouer selon des règles dictées « depuis l’autre côté des océans ».

L’humanité a eu, selon lui, une réelle opportunité de faire progresser les relations internationales. Mais les pays occidentaux n’ont pas résisté à la tentation d’un pouvoir absolu. Le chef d’État a enfin rappelé que la Russie avait, à deux reprises, en 1954 et en 2000, sollicité son adhésion à l’OTAN, recevant chaque fois un refus catégorique.

« En cherchant à supprimer les causes de la confrontation des blocs, à créer un espace commun de sécurité, la Russie a même exprimé à deux reprises sa volonté d’adhérer à l’OTAN. La première fois en 1954, à l’époque de l’URSS. La seconde fois, lors de la visite du président américain Clinton à Moscou. J’en ai déjà parlé en 2000, quand nous en avons discuté avec lui. À chaque fois, nous avons essuyé d’emblée un refus. Alors que, je le répète, nous étions prêts à une coopération commune », a-t-il indiqué.

Vladimir Poutine participe à la séance plénière de la XXIIe réunion du Club de Valdaï

Lors de son intervention à la séance plénière du Club Valdaï, Vladimir Poutine a souligné que nous vivons une époque de mutations rapides et profondes, où tout change de façon radicale. Selon lui, il est indispensable d’être prêt à toute éventualité. Le président russe a ajouté, non sans ironie, que toutes les instructions et tous les conseils sont demandés et donnés uniquement pour ne pas être suivis par la suite.

Vladimir Poutine s’exprime ce 2 octobre à Sotchi lors de la séance plénière du club Valdaï. Placée sous le thème « Un monde polycentrique : mode d’emploi », la rencontre réunit 140 experts venus de 42 pays pour réfléchir aux contours d’un nouvel ordre mondial multipolaire.

Créé en 2004, le club Valdaï rassemble chaque année des spécialistes de premier plan en sciences politique, économie, histoire et relations internationales. Il doit son nom au lac Valdaï, près de Veliki Novgorod, où s’est tenue la première conférence.