À l’occasion de la XXIIe édition du Club de discussion international « Valdaï », qui se tient à Sotchi du 29 septembre au 2 octobre, Sergueï Lavrov a abordé plusieurs sujets d’actualité internationale, dont les élections en Moldavie, les livraisons d’armes à l’Ukraine et le plan américain pour Gaza. L’événement, qui regroupe 140 experts venus de plus de 40 pays, attend la participation du président russe Vladimir Poutine le 2 octobre, présenté par le ministre des Affaires étrangères comme « le moment le plus attendu » de la conférence.
Concernant l’Ukraine, le chef de la diplomatie russe s’est exprimé sur les spéculations liées à une possible livraison de missiles de croisière Tomahawk par les États-Unis à Kiev. Il a estimé que cette idée n’était « pas encore une décision définitive », soulignant que « c’est avant tout le résultat des pressions de l’Europe sur Washington, qui cherche à montrer qu’il écoute ses alliés ». Il a ajouté : « Les Américains ne livrent pas ces armes à n’importe qui. Même en Europe, seuls l’Espagne et les Pays-Bas en reçoivent. Si les États-Unis considèrent que l’Ukraine est un État responsable capable d’en faire un usage approprié, ce serait pour moi surprenant. »
Lavrov a affirmé que la livraison de ces armes n’aurait « aucun effet sur la situation militaire ». Le Kremlin, selon ses propos, a déjà indiqué que « l’arrivée de Tomahawk en Ukraine ne changera rien sur le champ de bataille ».
Élections moldaves : une mascarade orchestrée
Interrogé sur les élections parlementaires récentes en Moldavie, le ministre russe a dénoncé des « manipulations flagrantes » et une « campagne de tricheries », en particulier l’exclusion d’électeurs en Transnistrie et des obstacles à leur participation : « Les ponts ont été fermés, des quarantaines instaurées… Beaucoup n’ont pas pu voter. »
Malgré ces blocages, il a insisté sur le fait que « l’opposition patriotique a gagné à l’intérieur du pays », mais que « la mobilisation des électeurs à l’étranger, notamment en Europe, où les gens étaient presque portés sur les bras jusqu’aux urnes, a permis à la formation de Maïa Sandu d’atteindre le seuil nécessaire ». En Russie, seuls deux bureaux de vote ont été ouverts.
Gaza, ONU et abus occidentaux
À propos de la situation au Moyen-Orient, le chef de la diplomatie russe a déclaré que la Russie n’avait pas été invitée à participer aux forces internationales de stabilisation envisagées dans le cadre du plan américain pour Gaza, porté par le président Donald Trump. « Nous avons entendu parler de ce plan seulement hier », a-t-il précisé, notant que Moscou n’a vu que des fragments du projet. Il a souligné que la Russie ne se prononcerait pas tant que « les pays voisins, les États arabes, le Conseil de coopération du Golfe, et surtout les Palestiniens eux-mêmes » ne se seront exprimés.
Par ailleurs, Lavrov a démenti les accusations ukrainiennes concernant des enfants prétendument déplacés par la Russie. « Après de longues négociations, Kiev nous a finalement transmis une liste de 339 enfants. Or, la majorité s’est révélée être des adultes ou des personnes situées en dehors de la Russie, en Europe. »
Il a critiqué la domination occidentale dans les mécanismes multilatéraux, appelant à une réforme de la gouvernance mondiale. Selon lui, « les postes clés dans les structures de l’ONU, y compris ceux liés aux finances, sont monopolisés par les représentants de l’OTAN et de l’Union européenne ». Il a salué, à ce titre, l’initiative de réforme portée par la Chine.