Russie

15 % de hausse : le rouble et la Bourse russes éblouissent les investisseurs 

Le rouble a bondi de 15 % (de 102 à 87 pour 1 dollar) depuis janvier, et la Bourse russe progresse aussi de 15 %. Un record de 608 milliards de roubles d’obligations d’État a été atteint. Selon Bloomberg, les investisseurs s’intéressent davantage aux actions russes, même si les sanctions en cours rendent ces placements difficilement accessibles.

Depuis le début de l'année, le rouble s’est hissé parmi les devises émergentes les plus performantes, affichant environ 15% de hausse face au dollar. Le 1er janvier, le taux de change du dollar par rapport au rouble était d’environ 102 roubles pour 1 dollar. Au 28 février, il était descendu à 87 roubles pour 1 dollar, soit une baisse de 15 roubles en deux mois. Dans le même temps, l’indice principal de la Bourse russe a lui aussi progressé d’environ 15%, traduisant un regain de confiance des investisseurs.

Parallèlement, le ministère russe des Finances a pu placer un volume record d’obligations d’État sur le marché intérieur (appelées OFZ) depuis 2022. Au cours des trois dernières adjudications, il a émis pour plus de 608 milliards de roubles (environ 6,9 milliards de dollars), soit déjà 60% de l’objectif prévu pour l’ensemble du premier trimestre. Selon les calculs de Bloomberg, il s’agit des montants les plus élevés observés depuis longtemps.

Toujours d’après l’agence de presse américaine, ce regain d’appétit pour les obligations russes s’explique notamment par les signes de rapprochement entre Washington et Moscou. Bloomberg note que le président américain Donald Trump, après son entretien téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine le 12 février, a laissé entendre qu’il souhaitait avancer vers des pourparlers directs.

Cette évolution sur le plan diplomatique a encouragé les investisseurs : beaucoup parient sur une possible résolution rapide de la situation, tablant sur un environnement plus favorable pour l’économie russe et, par conséquent, sur une nouvelle appréciation du rouble. Certains estiment même que l’administration Trump pourrait relâcher la surveillance des sanctions en place, ce qui réduirait la pression sur les exportations d’hydrocarbures russes.

Selon un autre article de Bloomberg, de plus en plus d’investisseurs particuliers, des «hedge funds» (fonds d'investissement) et des family offices (des bureaux de gestion de fortune privés des familles riches) s’intéressent à des actifs liés à la Russie, même si les sanctions en cours rendent ces placements difficilement accessibles.

D’après le média américain, certains investisseurs essaient de contourner les blocages en achetant des actions d’entreprises russes cotées à l’étranger. Par exemple, United Company Rusal (importante société d’aluminium basée à Moscou) a vu ses stocks augmenter de 75 % à la Bourse de Hong Kong, tandis qu’en Europe, les banques ayant encore des filiales en Russie, comme Raiffeisen Bank (à Vienne) ou OTP Bank Nyrt (à Budapest), attirent aussi l’attention.

Ces dernières semaines, les contacts bilatéraux entre la Russie et les États-Unis se sont intensifiés : le 12 février, le président russe Vladimir Poutine et son homologue américain Donald Trump ont échangé par téléphone durant près d’une heure et demie, abordant des sujets comme le conflit ukrainien, les relations bilatérales et la question de l’échange de citoyens. Le 18 février, des délégations de haut niveau des deux pays se sont rencontrées à Riyad, en Arabie saoudite. Il a été décidé de nommer le plus tôt possible de nouveaux ambassadeurs à Moscou et à Washington et de lever les entraves de longue date au bon fonctionnement des missions diplomatiques russes. Le 27 février, les délégations russe et américaine se sont rencontrées à Istanbul, où elles ont abordé le fonctionnement de leurs missions diplomatiques, notamment l’accès aux services bancaires et la stabilité des effectifs.