Russie

Moscou dénonce une peine trop clémente pour les auteurs de l’attaque du consulat russe à Marseille

L’ambassade de Russie en France s’indigne de la condamnation des auteurs de l’attaque contre le consulat général de Russie à Marseille le 24 février. Moscou juge trop clémente la peine de huit mois de prison avec assignation à résidence et considère cet acte comme une tentative d’attentat.

Le tribunal de Marseille a condamné, le 27 février, les auteurs de l’attaque contre le consulat général de Russie à huit mois de prison, avec la possibilité de purger leur peine sous assignation à résidence avec un bracelet électronique. Ils ont également été interdits de port d’armes pendant cinq ans. Cette décision a immédiatement suscité l’indignation de l’ambassade de Russie en France, qui a dénoncé une peine «absolument pas en adéquation avec la gravité de l’infraction, en l’occurrence une tentative d’acte terroriste».

Le consul général de Russie à Marseille, Stanislav Oransky, a vivement critiqué la sentence, la jugeant totalement disproportionnée. Dans une déclaration à RIA Novosti, il a dénoncé un traitement trop clément de la part de la justice française : «On a l’impression qu’il s’agit de deux petits enfants qui jouaient au football et qui ont accidentellement cassé une fenêtre. C’est un scandale». Il a souligné que pour la Russie, cette attaque est considérée comme un attentat prémédité contre une mission diplomatique.

De son côté, le procureur français a estimé qu’il ne pouvait être question d’un acte terroriste et que les accusés avaient simplement commis une «bêtise». Cette position ne convient pas à Moscou qui considère que la gravité des faits a été minimisée. L’ambassade de Russie a rappelé que les agresseurs avaient lancé des engins explosifs improvisés en direction du parking des voitures officielles du consulat, mettant directement en danger la vie du personnel. «Ce n’est que par un heureux hasard qu’aucun employé n’a été blessé», précise le communiqué de la mission diplomatique.

La Russie exige que les autorités françaises appliquent strictement les dispositions des Conventions de Vienne de 1961 et 1963 sur les relations diplomatiques, ainsi que la Convention de 1973 sur la protection des personnes jouissant d’une protection internationale.

Une attaque contre une mission diplomatique

Les faits remontent au 24 février au matin, lorsque trois bouteilles contenant une substance explosive ont été jetées par-dessus la clôture du consulat général de Russie à Marseille. Deux d’entre elles ont explosé, tandis que la troisième a été retrouvée intacte et désamorcée par les autorités françaises.

Grâce aux images de vidéosurveillance, les responsables ont rapidement été identifiés et interpellés le soir même lors d’un rassemblement pro-ukrainien à Marseille. Il s’agit de Vasile H. (48 ans) et Georges S. (59 ans), deux chercheurs du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Lors de leur garde à vue, ils ont reconnu les faits, expliquant qu’ils voulaient «attirer l’attention».

Georges S., dont l’épouse est d’origine ukrainienne et dont le beau-père a fui l’Ukraine, a déclaré ne pas avoir mesuré les conséquences de son geste. Son complice, Vasile H., a quant à lui mentionné des préoccupations politiques pour justifier leur action.

Réactions des autorités françaises et internationales

Face à cet incident, le ministère français des Affaires étrangères et les Nations unies ont condamné l’attaque, la qualifiant «d’inacceptable».

Le CNRS, employeur des deux chercheurs, a également pris position en dénonçant leur comportement. L’institution a reproché aux deux hommes d’avoir «détourné un produit scientifique à des fins personnelles».

Lors du procès, le président du tribunal a tenté de relativiser la gravité des faits en comparant cette attaque à un braquage avec une arme factice. Selon lui, «vous savez que ça ne peut pas faire de mal, mais en face, ils ne savent pas». Ces déclarations ont renforcé la colère de Moscou, qui accuse Paris de ne pas prendre l’affaire au sérieux et de laisser prospérer un climat hostile à la Russie en France.

Une plainte russe et une affaire qui se poursuit

Cette condamnation ne suffit pas à apaiser Moscou, qui attend des garanties de la part des autorités françaises afin que de tels événements ne se reproduisent pas. L’ambassade de Russie en France a déposé une plainte civile pour préjudice matériel et moral. L’audience a été fixée au 23 janvier 2026.

Pour la Russie, cette affaire ne constitue pas un acte isolé, mais s’inscrit dans un climat d’hostilité croissante à l’encontre de ses intérêts en France, selon l’ambassade de Russie. Celle-ci a réitéré sa demande auprès des autorités françaises afin qu'elles prennent des mesures pour renforcer la sécurité des missions diplomatiques russes.