Russie

Saisie des actifs russes : la patronne d'Euroclear met en garde contre le risque de créer un précédent

La directrice générale du dépositaire central international Euroclear, Valérie Urbain, a mis en garde contre les risques d'une confiscation des actifs russes par les Occidentaux afin d'aider l'Ukraine.

Euroclear Bank (EB), l'organisme international de dépôts de fonds basé à Bruxelles qui gère 191 milliards d’euros d’actifs de la Banque centrale de Russie, ne devrait pas être tenu pour responsable en cas de confiscation de ces derniers, a estimé auprès de Bloomberg Valérie Urbain, la directrice générale d'EB.

«Nous ne pouvons pas nous retrouver dans une situation où les actifs ont été saisis, mais, dans quelques années, la Russie viendra frapper à la porte et dira : "Je veux récupérer mes titres", alors que les actifs auraient disparu», a-t-elle déclaré dans cet article publié le 10 décembre. «S’il y a confiscation des biens, tout doit bouger, y compris le passif» a-t-elle ajouté.

Si la saisie pure et simple des actifs russes a pour l'heure été écartée par les pays du G7 au profit d'une solution spoliant la Russie des intérêts de ses dépôts, Valérie Urbain n'exclut pas que la future administration américaine remette «une partie de la discussion sur la table».

Une éventuelle confiscation de ces fonds souverains russes, a par ailleurs mis en garde la directrice, pourrait conduire à l'émergence d'un concurrent non européen d'Euroclear.

Un risque de réputation pour la zone euro

«C’est le risque de créer un précédent, parce que la confiance que vous avez eue pendant des décennies dans le système, elle a soudainement été remise en question», a-t-elle déclaré, évoquant notamment l'inquiétude des Chinois. En somme, face à un tel précédent, politiquement motivé, d'autres pays extra-européens pourraient être poussés à retirer leurs avoirs.

«Je ne pense pas qu’il n'y ait que les Chinois. Il peut s’agir de n’importe quelle banque centrale qui verrait que, soudainement, les actifs de la banque centrale ne bénéficient plus du cadre juridique utilisé depuis des décennies», a ajouté Valérie Urbain.

Des déclarations qui surviennent alors que les pays du G7 ont récemment approuvé l'octroi à Kiev d'un prêt de 50 milliards remboursé par les intérêts générés par ces actifs russes gelés. Durant des mois, des chancelleries du G7, Washington en tête, ont poussé en faveur d'une saisie pure et simple de ces fonds au profit de Kiev.

Début juillet, Bloomberg avait révélé que l'Arabie saoudite aurait laissé planer la «menace à peine voilée» de vendre ses titres dans les pays du G7 si un tel précédent advenait. «Les Saoudiens ont notamment fait référence à la dette émise par le Trésor français», avait notamment indiqué deux sources à l’agence de presse américaine.