Lors d’une conférence de presse tenue ce 5 décembre à Malte, après une réunion de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), Sergueï Lavrov a critiqué les récents propos de dirigeants européens envisageant l’envoi de troupes en Ukraine.
«Je pense que tous ces fantasmes ne font qu’aggraver la situation et montrent que les personnes qui véhiculent de telles idées préfèrent obstinément ne pas entendre les avertissements très clairs que le président russe Vladimir Poutine a lancés publiquement à plusieurs reprises» a déclaré le chef de la diplomatie russe.
Ces commentaires font notamment suite aux déclarations de la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock qui, selon des médias allemands, n’a pas exclu la possibilité d’envoyer des soldats allemands en Ukraine dans le cadre d'un cessez-le-feu. «Bien sûr, tout ce qui sert la paix à l’avenir» sera «soutenu par la partie allemande de toutes ses forces» a-t-elle déclaré le 3 décembre, interrogée sur une participation allemande à une force internationale de maintien de la paix.
Les Européens divisés
Des propos toutefois tempérés par Olaf Scholz. «Elle a seulement essayé de répondre ni oui ni non, si je puis dire» a déclaré le chancelier allemand, lors d'une séance de questions au Bundestag le 4 décembre, ajoutant qu'il était selon lui «tout à fait inapproprié de spéculer maintenant sur ce qui se passera plus tard en cas de cessez-le-feu et de situation pacifiée». «Je considère qu'il est exclu dans la situation actuelle d'envoyer des troupes ou des soldats allemands en Ukraine» a-t-il insisté face aux députés.
Le 1er décembre, à l'occasion d'un voyage à Kiev, la toute nouvelle chef de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, avait déclaré qu'elle n'excluait pas la présence de troupes européennes en Ukraine, estimant que l'Europe devrait «jouer son rôle» si un cessez-le-feu était conclu et qu'il s'avérait nécessaire d'envoyer des troupes pour en contrôler le suivi.
Une formulation qui n'est pas sans rappeler celle du président français Emmanuel Macron qui, dans un tout autre registre, lors d’une réunion à Paris fin février dédiée au soutien à l'Ukraine, avait déclaré que l'envoi de troupes occidentales en Ukraine ne pouvait «être exclu». Une sortie, qui avait surpris les alliés occidentaux de Kiev, et dont s'étaient notamment désolidarisés Washington et Berlin.
«Si cela advient, nous devrons parler non pas de la probabilité, mais de l'inévitabilité d'un affrontement direct entre la Russie et l'OTAN» avait réagi dans la foulée le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Il n'était alors pas question d'un cessez-le-feu en Ukraine.