«Les Russes ont accéléré le rythme et ils ont les moyens de continuer». Telles sont les confidences d'Andrij, un officier ukrainien de 52 ans avec lequel s’est entretenu Paul Ronzheimer, correspondant de guerre et rédacteur en chef de Bild. Le militaire dépeint un front ukrainien sous pression: «Nous sommes nettement inférieurs en termes d’armes et de munitions», confie-t-il notamment, estimant que «la guerre est dans une impasse».
De son côté, le journaliste évoque une situation qui devient «de plus en plus en plus morose, de plus en plus difficile», avec des combattants ukrainiens qui «se sentent abandonnés de l’Ouest, mais aussi de leur propre gouvernement». Le tout, selon le correspondant, face à des forces russes qui «progressent de façon spectaculaire».
«Au cours des trois ou quatre derniers mois, nous avons été contraints de nous retirer. Les Russes ont accéléré le rythme et ils ont les moyens de continuer», déclare Andrij à Ronzheimer. «Nous devons mettre fin à cette guerre. Nous devons négocier, mais nous ne voulons pas abandonner notre territoire», poursuit l’officier ukrainien. Un point qui, dorénavant, peut sembler incompatible avec la position russe. Moscou exige en effet que «les réalités du terrain» soient prises en considération lors de futures négociations.
«Plusieurs centaines de kilomètres carrés» passés sous contrôle russe
Concernant cette avancée russe, le journaliste allemand cite le think tank néoconservateur Institute for the Study of War, qui rapporte que l’armée russe a gagné «plusieurs centaines de kilomètres carrés» au mois de novembre, une progression bien plus rapide «que sur l’ensemble de l’année 2023».
Ces dernières semaines, la Défense russe a multiplié les annonces concernant les prises de contrôle de localités dans la région de Pokrovsk, où est déployée la brigade d’Andrij. Si les informations proviennent davantage des alentours du bassin de Kourakhovo, où les forces russes resserrent leur étreinte sur la ville éponyme, celle qui est dépeinte comme étant dans le «viseur» des Russes est Pokrovsk, située à 30 kilomètres au nord.
Considérée comme stratégique par Kiev, cette cité minière qui comptait 65 000 âmes avant l’éclatement du conflit abrite notamment la dernière mine de coke sous contrôle ukrainien. Un combustible dont dépend grandement l'industrie sidérurgique de l'Ukraine qui, à l'heure actuelle, demeure le deuxième secteur de l'économie kiévienne.