La décision de Joe Biden d’autoriser Kiev à tirer des missiles à longue portée plus profondément en Russie n’a pas accentué le risque d’une attaque nucléaire de Moscou, ont déclaré à Reuters cinq sources proches des renseignements américains.
Ces derniers auraient mené une «série d’évaluations» au cours des sept derniers mois, a rapporté l’agence le 27 novembre, aboutissant à la conclusion qu’il était «peu probable» qu’un feu vert de Washington à de telles attaques provoque une «escalade nucléaire».
«Les évaluations étaient cohérentes : les missiles ATACMS n'allaient pas modifier le calcul nucléaire de la Russie», a déclaré l'une de ces sources, travaillant au Congrès des États-Unis. Une conclusion que «n’a pas changé» le tir d’un nouveau missile balistique contre la ville de Dniepropetrovsk le 21 novembre. Dorénavant, toujours selon Reuters, certains responsables américains considéreraient même que les craintes d’une telle escalade étaient «exagérées».
Des responsables qui, à la Maison Blanche, au Pentagone ou encore au Département d’État, au-delà d’une escalade nucléaire, redoutaient des «représailles mortelles contre le personnel militaire et diplomatique américain et des attaques contre les alliés de l’OTAN». Toujours selon ces sources, les États-Unis considéreraient que les représailles «les plus réussies de Moscou sont susceptibles de provenir du sabotage».
De multiples mises en garde russes ignorées
Le 19 novembre, dans la foulée de premières frappes de missiles à longue portée occidentaux rapportées dans des régions russes frontalières de l’Ukraine, Vladimir Poutine avait signé un décret approuvant la mise à jour de la doctrine nucléaire considérant notamment comme une attaque conjointe l’agression menée par un État non nucléaire soutenu par une puissance nucléaire.
Un projet de révision de la doctrine nucléaire russe qui avait été annoncé le 25 septembre. Plus tôt, le 12 septembre, Vladimir Poutine avait averti que des tirs d’armes occidentales dans la profondeur du territoire russe «changeraient considérablement l'essence et la nature même du conflit». «Cela signifiera que les pays de l’OTAN, les États-Unis et les pays européens sont en guerre contre la Russie», avait-il précisé.
«Malgré nos avertissements sur le danger d'une escalade du conflit, des frappes ont été effectuées sur notre territoire», a déclaré le 28 novembre le président russe, depuis Astana, évoquant la sélection par l’armée de cibles à frapper en Ukraine et le potentiel de destruction du nouveau missile Orechnik, dont une utilisation «groupée» pourrait dégager à l’impact une puissance «comparable à celle des armes nucléaires».