«Grâce aux actions décisives des unités du groupement de forces Vostok, la localité d’Ouglédar, de la République populaire de Donetsk [RPD, ndlr], a été libérée», a annoncé ce 3 octobre en milieu d’après-midi le ministère russe de la Défense sur sa chaîne Telegram.
Le 2 octobre, face à la pression des forces russes, l’armée ukrainienne avait annoncé son retrait d’Ouglédar. Le jour même, Ian Gaguine, conseiller du dirigeant de la RPD, annonçait à RIA Novosti que le drapeau russe avait été hissé sur le bâtiment administratif de la ville.
Malgré le fait que les troupes russes étaient déjà présentes dans une grande partie d'Ouglédar, celui-ci avait estimé qu'il était trop tôt pour affirmer que la ville avait été totalement libérée, car de petites unités ukrainiennes restaient actives dans la zone. «Des opérations de contrôle sont toujours en cours et la situation des civils reste incertaine», avait-il précisé.
Les forces ukrainiennes ont connu des jours difficiles avant leur retrait, marqués par un encerclement progressif par les troupes russes, selon Igor Kimakovsky, autre conseiller de la RPD. «La seule voie d'évacuation restante pour les forces ukrainiennes est désormais sous contrôle russe, et les unités ukrainiennes se retirent dans la confusion», avait déclaré le 30 septembre à RIA Novosti Vladimir Rogov, président de la Commission sur la souveraineté.
Une députée accuse le commandement ukrainien
Cette nouvelle défaite ukrainienne était attendue, même à Kiev. Le 22 septembre, Mariana Bézouglaïa, députée de la Rada, avait prédit la chute imminente de la ville, reprochant notamment au chef des forces armées ukrainiennes, le général Alexandre Syrsky, d’avoir «créé le chaos» au sein de la 72e brigade suite au «retrait» de son commandant, et du limogeage de celui de la 110e brigade mécanisée qui, selon elle, «formait l’une des meilleures brigades terrestres».
«L’élite des troupes ukrainiennes a été emmenée d’ici ! Dans le même temps, des milliers de militaires restent à l’arrière, dans de nombreux quartiers généraux surpeuplés et des unités pléthoriques» avait-elle fustigé sur sa chaîne Telegram.
La pression s’accentue sur Zelensky
Ouglédar, longtemps utilisée par Kiev comme un centre logistique clé pour ses opérations dans la région, a joué un rôle stratégique dans l’approvisionnement des troupes ukrainiennes. Le dirigeant de la République populaire de Donetsk, Denis Pouchiline, avait déjà annoncé fin septembre que des combats intenses avaient lieu à Ouglédar et que la libération de la ville par les forces russes semblait inévitable.
Selon une source citée par TASS, l'armée ukrainienne a subi de lourdes pertes à Ouglédar, notamment en raison de son refus de se retirer plus tôt. La situation dans la ville avait été décrite comme un «cauchemar» par des soldats ukrainiens interrogés par le New York Times. Volodymyr Zelensky avait lui-même évoqué une situation «très difficile» sur cette ligne de front.
Le 1er octobre, l’agence Bloomberg estimait que la perte d’Ouglédar pourrait accroître la pression internationale sur Zelensky, qui a effectué une tournée aux États-Unis en marge de l’Assemblée générale de l’ONU afin de présenter au président américain Joe Biden son «plan de victoire», le tout alors que Moscou réaffirme sa détermination à atteindre tous ses objectifs, dont la libération complète de la République Populaire de Donetsk.