«Monsieur Trump, en tant que candidat à la présidence, dit qu'il est prêt et a la volonté d'arrêter la guerre en Ukraine. Nous considérons tout cela très sérieusement», a déclaré Vladimir Poutine au cours d'une conférence de presse à l’issue du sommet de l’OCS à Astana.
«Bien entendu, je ne connais pas ses éventuelles propositions pour faire cela. C’est bien sûr une question clé. Mais je ne doute pas qu'il dise cela sincèrement. Et nous soutiendrons cela», a poursuivi Vladimir Poutine.
À maintes reprises depuis le printemps 2023, Donald Trump a affirmé qu’il mettrait fin «en 24 heures» au conflit s’il remportait l’élection présidentielle américaine au mois de novembre prochain. Il a réitéré son argument la semaine passée, lors de son débat face à Joe Biden, affirmant que si un président «respecté par Poutine» avait été au pouvoir en février 2022, ce dernier «n'aurait jamais envahi l'Ukraine».
Le 25 juin, Reuters révélait que deux conseillers de Donald Trump lui avaient présenté un plan visant à pousser l'Ukraine vers des négociations de paix avec la Russie, au risque de voir le soutien militaire américain se tarir.
De son côté, Vladimir Poutine a souligné l’incertitude de la situation américaine, déclarant attendre les résultats de l'élection présidentielle et «l'état d'esprit et les orientations de la future administration » avant toute reprise d'un dialogue sur «la stabilité stratégique».
Une réouverture des négociations d'Istanbul ?
Plus tôt dans la journée, lors d’une réunion des chefs d’État de l’OCS, le président russe avait soutenu que l’accord provisoire conclu lors des discussions à Istanbul au printemps 2022 pourrait servir de base pour de nouvelles négociations.
En avril 2022, quelques semaines après le début de l’intervention russe en Ukraine, les délégations russes et ukrainiennes furent sur le point de signer un accord de paix à Istanbul, Kiev s’engageant à une «neutralité permanente». Le chef de la délégation ukrainienne, David Arakhamia, avait évoqué la pression occidentale, notamment du Premier ministre britannique Boris Johnson, qui aurait conseillé à Kiev de «continuer à se battre».
Kiev n'exclut pas des pourparlers de paix avec Moscou, mais ceux-ci ne peuvent avoir lieu que par des intermédiaires, a déclaré le 30 juin Volodymyr Zelensky au Philadelphia Inquirer. Il a suggéré que le format utilisé pour négocier l’accord céréalier de la mer Noire de 2022, aussi obtenu sous les auspices de la Turquie et de l'ONU, pourrait servir de base à des négociations ciblées, sur «l’intégrité territoriale, l’énergie et la liberté de navigation». Reste que Kiev a pris un décret en 2022 proclamant «l’impossibilité» de pourparlers avec Moscou tant que Vladimir Poutine serait au pouvoir.
De retour d'Astana ce 4 juillet, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a estimé devant la presse que l'Ukraine avait résolument rejeté le plan de paix de Poutine, et que «pour le moment», «ni Erdogan ni personne d'autre ne peut jouer le rôle de médiateur».
Vladimir Poutine propose des conditions pour un cessez-le-feu
Dans un discours de politique étrangère prononcé le 14 juin, Vladimir Poutine a déclaré que les autorités russes étaient prêtes à entamer des négociations avec l’Ukraine dès lors que celle-ci retirerait ses troupes des Républiques populaires de Donetsk (RPD) et de Lougansk (RPL) ainsi que des régions de Zaporojié et de Kherson, et accepterait d’opter pour un «statut neutre – non aligné, non nucléaire», mais aussi une «démilitarisation» et une «dénazification», et une levée des sanctions contre la Russie.
Une proposition rejetée par Kiev et ses alliés occidentaux, qui y voient un «ultimatum». Moscou souligne au contraire qu'une telle offre russe de règlement pacifique du conflit constitue une manière réaliste de mettre fin aux hostilités.