Russie

Kiev voudrait présenter un plan commun à Moscou lors d’un prochain sommet : un espoir mort-né ?

Alors que se profile une conférence sur l’Ukraine en Suisse, vivement critiquée par plusieurs puissances en raison de l’absence de Moscou, Kiev a envisagé le 11 juin la participation d’une délégation russe à un prochain sommet, espérant proposer un plan élaboré avec ses alliés. Un projet qui semble d’ores et déjà dans l’impasse.

«Nous prévoyons de préparer ensemble le plan commun qui sera soutenu par tous les pays responsables. Et nous envisageons la possibilité, lors du deuxième sommet, d'inviter un représentant de la Russie et de présenter ensemble ce plan commun», a déclaré le 11 juin au soir Andriï Iermak, chef de l'administration présidentielle ukrainienne, à plusieurs médias européens. «Pour le deuxième sommet, nous travaillerons avec tous les collègues, avec tous les pays qui souhaitent y participer, a-t-il ajouté, par liaison vidéo depuis Berlin.

De son côté, la Russie dénonce depuis plusieurs semaines le sommet sur l'Ukraine qui doit se tenir à Burgenstock en Suisse les 15 et 16 juin prochains, dont elle a été exclue, le qualifiant de «voie sans issue».

Moscou estime en effet que le président ukrainien continue inutilement à vouloir imposer sa «formule» de paix, comportant des exigences synonymes de capitulation totale pour Moscou et ne suivant guère les réalités du terrain. Cette «formule», rédigée en novembre 2022, comporte notamment la réaffirmation des frontières de l'Ukraine datant de 1991, le retrait total des troupes russes et l'instauration d'un tribunal pénal international pour juger les «crimes de guerre russes».

Chine, Brésil et Afrique du Sud : les critiques se multiplient

Qu'à cela ne tienne : Andriï Iermak a déclaré espérer rassembler «100 pays ou plus» pour faire de la feuille de route ukrainienne «un véritable plan très difficile à contester». Le président français Emmanuel Macron, la vice-présidente américaine Kamala Harris et le chancelier allemand Olaf Scholz ont répondu présent à la conférence suisse. Néanmoins, plusieurs puissances, et non des moindres, manqueront à l’appel.

«Dans leurs interventions, quelques pays n’ont évoqué l’Ukraine que dans le contexte de la nécessité de renoncer à toutes les initiatives unilatérales», a confié le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, lors du sommet des chefs des diplomaties des BRICS+ le 10 juin à Nijni-Novgorod. Ces membres des BRICS entendent, selon lui, «promouvoir le règlement [du conflit] par d’autres moyens que celui des réunions en petit comité, comme celle qui démarrera dans quelques jours en Suisse et où la formule Zelensky, vide de sens et conduisant à l’impasse, servira de base aux discussions».

«La Chine et le ministre brésilien des Affaires étrangères ont souligné la nécessité d’une nouvelle base qui favoriserait le règlement», a ajouté le ministre russe.

L'Afrique du Sud propose de commencer par une réunion russo-ukrainienne

Pékin a en effet décliné l'invitation au sommet suisse le 31 mai dernier, indiquant qu’il lui serait «difficile» de participer à ce sommet si la Russie n'y était pas conviée. «La Chine a souligné à plusieurs reprises que la conférence de paix devait être reconnue à la fois par la Russie et l'Ukraine, que toutes les parties devaient y participer sur un pied d'égalité et que tous les plans de paix devaient faire l'objet d'une discussion équitable», a souligné la diplomatie chinoise, qui s'est ensuite vue accusée par Volodymyr Zelensky d'être devenue «un outil entre les mains de Poutine».

L’Afrique du Sud, qui participera au sommet, a néanmoins émis de sérieuses réserves. «Sans la participation de la Russie au sommet sur la paix en Ukraine organisé par la Suisse, il ne sera pas possible d'atteindre de véritables objectifs de maintien de la paix», a ainsi déclaré la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Naledi Pandor, le 10 juin à Nijni-Novgorod. Celle-ci a proposé une première rencontre entre des officiels russes et ukrainiens avant une réunion internationale, plutôt qu’un «théâtre» et non un véritable processus de négociation de paix. 

Le 3 juin, le journal Hindustan Times, citant plusieurs sources, révélait que ni le Premier ministre indien ni son chef de la diplomatie ne feraient le déplacement en Suisse. L’absence potentielle de l’Arabie saoudite a été rapportée par plusieurs médias, notamment par l’agence allemande DPA.