«Aucun instructeur s'occupant de la formation des militaires ukrainiens n'a d'immunité» face aux frappes russes, a mis en garde le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ce 4 juin. «Peu importe qu'ils soient Français ou non», a-t-il ajouté.
Tout militaire français en Ukraine, qu’il soit instructeur ou mercenaire, constitue une cible légitime pour la Fédération de Russie», a aussi déclaré le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov, ce 4 juin lors d'une conférence de presse en République du Congo.
Ces propos interviennent alors qu'une interview d'Emmanuel Macron est prévue le 6 juin au 20h de TF1 et de France 2. La teneur des propos du président français est encore incertaine.
Zelensky à Paris le 7 juin
Plus tard dans la journée, l'Elysée a indiqué que le président français recevra son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky le 7 juin à l'Elysée, au lendemain des commémorations du 80e anniversaire du Débarquement allié en Normandie, afin de discuter des «besoins de l'Ukraine» face à la Russie. «Alors que les frappes russes ne cessent de s'intensifier sur le front et sur les infrastructures énergétiques, les deux présidents évoqueront la situation sur le terrain ainsi que les besoins de l’Ukraine», dans le «prolongement de la Conférence de soutien à l'Ukraine qui s'est tenue à l'Elysée le 26 février», est-il précisé.
Or, l’agence Reuters, citant plusieurs sources diplomatiques, a indiqué le 30 mai que Paris pourrait annoncer début juin l'envoi de formateurs militaires en Ukraine, en dépit des craintes de certains et des mises en garde de Moscou. «Les arrangements sont très avancés», a déclaré l’une des sources de Reuters.
Le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Alexandre Syrsky, avait déjà indiqué le 27 mai avoir permis la visite d'instructeurs français dans des centres de formation en Ukraine. Emmanuel Macron, en déplacement en Allemagne, avait pour l’heure refusé de commenter cette annonce.
Le 16 mai, le New York Times révélait que l’Ukraine avait demandé aux États-Unis et aux pays de l'OTAN de l’aider à former 150 000 nouvelles recrues plus près de la ligne de front, et non dans des centres en Occident, pour un déploiement plus rapide.
Jusqu'où l'«ambiguïté stratégique» ira-t-elle ?
Les informations s’accumulant sur un envoi de forces françaises s’inscrivent bien sûr dans un contexte d’exacerbation des tensions entre la France et la Russie. Au cœur de celles-ci, le refus d’Emmanuel Macron, au nom d’une «ambiguïté stratégique», d’exclure un envoi de troupes occidentales en Ukraine, plusieurs fois répété depuis le 26 février.
Le 2 mai dans The Economist, le président français a de nouveau réitéré cette possibilité, notamment si Kiev en faisait la demande.
La diplomatie russe a maintes fois prévenu que des troupes françaises en Ukraine deviendraient des «cibles légitimes» pour les forces russes, dénonçant de surcroît la rhétorique «de plus en plus belliqueuse» de Paris.