«Stoltenberg a appelé les pays de l'OTAN à lever les restrictions sur les attaques du régime de Kiev contre des cibles dans toute la Russie. Cela est utile à tous ceux qui sont invités à la prétendue "conférence de la paix" en Suisse», a déclaré ce 25 mai la porte-parole de la diplomatie russe sur sa chaine Telegram.
Dans une interview publiée la veille dans The Economist, le secrétaire général de l’OTAN a appelé les pays membres du bloc militaire à lever «certaines des restrictions» qu’ils ont imposées à Kiev sur l’usage de leurs armes. Le tout pour que l’Ukraine «puisse frapper fort en Russie» a choisi de titrer l’hebdomadaire britannique.
«Le moment est venu pour les alliés de réfléchir à la question de savoir s’ils doivent lever certaines des restrictions imposées sur l’utilisation des armes données à l’Ukraine», a déclaré Jens Stoltenberg, dont le mandat s’achève. «Surtout maintenant, alors que de nombreux combats se déroulent à Kharkov, près de la frontière, le fait de refuser à l'Ukraine la possibilité d'utiliser ces armes contre des cibles militaires légitimes sur le territoire russe rend sa défense très difficile », a-t-il ajouté.
Des troupes de l’OTAN en Ukraine ? «Ce n'est pas le plan», assure Stoltenberg.
S’il reconnait un risque d’escalade, relate The Economist, Soltenberg «établit une distinction entre la fourniture d’armes, la formation et l’engagement militaire», poursuit le média. «Nous dispensons une formation, nous fournissons des armes et des munitions à l'Ukraine, mais nous ne participerons pas directement depuis le territoire de l'Otan aux opérations de combat au-dessus ou en Ukraine», a déclaré cet ex-Premier ministre norvégien.
Au passage, ce dernier a réitéré son désaveu de l’idée défendue depuis plusieurs mois par le président français Emmanuel Macron d’envoyer des troupes en Ukraine. «Ce n'est pas le plan» a-t-il déclaré. «Nous n'avons pas l'intention d'envoyer des troupes terrestres de l'Otan en Ukraine parce que notre objectif… est double : soutenir l'Ukraine comme nous le faisons, mais aussi veiller à ce que cela ne dégénère pas en conflit à grande échelle».
«La Russie répondra certainement par des actions et des mesures similaires», estime un sénateur russe
Depuis plusieurs semaines, et la poussée russe sur la ligne de front, notamment dans la région de Kharkov qui abrite la deuxième ville d’Ukraine, les soutiens occidentaux de Kiev multiplient les déclarations en faveur d’un élargissement des frappes en Russie à l’aide d’armements occidentaux. Le premier à le faire, de façon remarquée, fut le chef de la diplomatie britannique, David Cameron. Lors d’un déplacement à Kiev début mai, celui-ci avait affiché son soutien à des frappes ukrainiennes menées en Russie avec des équipements britannique estimant que Kiev en avait «le droit».
La présidence russe avait dénoncé une «escalade verbale», des responsables occidentaux et l’ambassadeur britannique avaient été convoqués. Celui-ci s’était vu avertir, par la diplomatie russe, que la réponse à des frappes ukrainiennes utilisant des armes britanniques en Russie pourrait viser «n'importe quelle installation et équipement militaire britannique sur le territoire ukrainien et au-delà».
Une éventualité qu’a également évoquée, ce 25 mai, Viktor Bondarev, Premier vice-président de la Commission de défense du Conseil de la Fédération (chambre haute du Parlement russe). «Le Pentagone et Bruxelles se sont lancés dans des actions purement provocatrices, conduisant le monde à un conflit mondial» a-t-il fustigé dans un message posté sur sa chaine Telegram. «En réponse à de telles actions provocatrices, la Russie répondra certainement par des actions et des mesures similaires», a ajouté cet ancien commandant des forces aérospatiales russes.