La relation Chine-Russie «est non seulement dans l'intérêt fondamental des deux pays et des deux peuples, mais elle est également propice à la paix», a fait valoir Xi Jinping, alors qu’il reçoit Vladimir Poutine à Pékin.
Le président russe est arrivé dans la capitale chinoise ce 16 mai au petit matin pour une visite de deux jours en Chine. Il se rendra aussi dans le nord du pays. Il s’agit de son premier voyage à l'étranger depuis sa réélection au mois de mars et son deuxième dans la capitale chinoise depuis octobre 2023. Les deux voisins fêtent le 75e anniversaire de l'établissement de leurs relations diplomatiques. «Notre pays a été le premier à reconnaître la République populaire de Chine le 2 octobre 1949, littéralement le lendemain de sa proclamation», a rappelé Poutine.
«La Chine est prête à travailler avec la Russie pour [...] soutenir l'équité et la justice dans le monde», a ajouté le dirigeant chinois. Et de poursuivre : «La relation Chine-Russie aujourd'hui a été durement acquise et les deux parties doivent la chérir et la nourrir.»
Poutine souligne les «nouvelles réalités multipolaires»
Cette relation est «un facteur de stabilité sur la scène internationale», a aussi estimé le président russe, soulignant qu’elle «n’est pas opportuniste et elle n'est dirigée contre personne». «Ensemble, nous soutenons les principes de justice et un ordre démocratique mondial reflétant les réalités multipolaires et fondé sur la loi internationale», a-t-il encore déclaré.
Lors d’une conférence de presse, Vladimir Poutine a aussi jugé «nuisible» toute alliance politique et militaire «fermée» dans la région Asie-Pacifique, visant là les tentatives occidentales de créer des alliances avec l’Australie et le Royaume-Uni, mais aussi avec le Japon et les Philippines.
Ukraine : accord sur le besoin d’une solution politique
La Chine appelle régulièrement au respect de l'intégrité territoriale de tous les pays (sous-entendu Ukraine comprise) mais exhorte aussi à prendre en considération les préoccupations de sécurité de la Russie.
«Les deux parties sont d'accord sur le fait qu'une solution politique à la crise en Ukraine est la voie à suivre», a déclaré Xi Jinping face à la presse, rappelant que la position de la Chine sur cette question avait «toujours été claire» et espérant que la paix et la stabilité seraient «rapidement rétablies sur le continent européen».
Depuis février 2023, la Chine a en effet proposé un document en 12 points afin de mettre un terme au conflit, appelant au respect de l’intégrité territoriale de tous les pays mais aussi à prendre en considération les exigences de sécurité russes. «Les idées et les propositions contenues dans le document montrent le désir sincère de nos amis chinois d'aider à stabiliser la situation», a fait valoir Vladimir Poutine.
Cette proposition chinoise a été écartée par l’Occident au profit de la «formule Zelensky» qui, elle, comporte la réaffirmation des frontières de l'Ukraine datant de 1991, le retrait total des troupes russes, l'instauration d'un tribunal pénal international pour juger des «crimes de guerre russes» et une déclaration de la fin de la guerre. Des exigences inconcevables selon Moscou, celles-ci étant synonymes de capitulation totale et ne suivant guère les réalités du terrain.
Dans ce contexte, la position de la Chine semble gagner en importance. Xi Jinping a appelé le 6 mai dernier à Paris à l’organisation d’une conférence de paix pour l’Ukraine, reconnue par Kiev et Moscou.
Pékin et Moscou condamnent le vol des actifs à l'étranger
La Fédération de Russie et la Chine ont aussi condamné les initiatives visant à saisir les actifs et les propriétés d'États étrangers, alors que Bruxelles vient d'acter la confiscation des revenus des actifs russes gelés au sein de l'UE afin de les reverser à Kiev.
Depuis le début du conflit en Ukraine, la Russie a accru ses débouchés vers la Chine qui, elle, peut désormais bénéficier d’importations russes d’énergie à prix avantageux. Les échanges commerciaux entre les deux partenaires ont dépassé les 220 milliards d'euros en 2023, selon les douanes chinoises.
Le partenariat économique entre les deux voisins subit déjà les tentatives d’ingérences occidentales. Les exportations chinoises ont baissé en mars et en avril, alors que les États-Unis ont sanctionné des entreprises chinoises, qu’ils accusent de fournir des composants utilisés notamment pour la fabrication de drones, et ciblent les banques et les entreprises qui commercent avec Moscou.
Moscou et Pékin «défendront leurs droits et intérêts légitimes et résisteront aux tentatives visant à limiter leur politique étrangère et leur potentiel économique», indique le communiqué de presse commun des dirigeants ce 16 mai. Les dirigeants russes et chinois ont signé des accords «sur l'approfondissement des relations de partenariat global et de coopération stratégique», notamment dans le domaine énergétique.