«Ces décisions démontrent à quel point le CIO s'est éloigné de ses principes déclarés et a basculé dans le racisme et le néonazisme», a martelé Maria Zakharova ce 20 mars.
L'organe directeur des Jeux olympiques avait annoncé le 19 mars que les sportifs russes et biélorusses, déjà contraints de participer aux Jeux olympiques sous bannière neutre, seraient exclus de la parade lors de la cérémonie d'ouverture sur la Seine à Paris le 26 juillet, nouvelle restriction justifiée par le conflit en Ukraine.
Le même jour, le CIO a aussi accusé la Russie de «politiser le sport». Des critiques formulées alors que Moscou ambitionne d'organiser une compétition concurrente des JO, les Jeux de l'amitié, en réplique aux sanctions visant ses athlètes. Le CIO a également stigmatisé «le manque total de respect [de la part de la Russie] pour les normes mondiales de lutte contre le dopage».
«Tentative cynique»
Le Kremlin a accusé ce 20 mars le CIO de chercher à intimider les sportifs désireux de participer aux futurs Jeux de l'amitié, car le directeur de la Solidarité olympique du Comité, James Macleod, n'a pas exclu la possibilité de sanctions. «C'est de l'intimidation de sportifs. Et cela sape complètement l'autorité du CIO», a jugé Dmitri Peskov, porte-parole du président russe.
Exclue des JO en tant qu'État, sanctionnée par les Occidentaux, la Russie a commencé à créer avec des partenaires des événements économiques, politiques et sportifs alternatifs. Par exemple, les Jeux du futur en février dernier à Kazan, une compétition internationale mêlant épreuves traditionnelles et e-sports.
Les athlètes russes interdits de cérémonie d'ouverture
Autre motif de colère russe, le fait que les sportifs russes et biélorusses ne pourront pas défiler à la cérémonie d'ouverture des JO de Paris cet été. Cette restriction s'ajoute à l'obligation faite à ces athlètes de participer sous bannière neutre et à condition de ne pas avoir ouvertement soutenu l'offensive contre l'Ukraine.
«Les décisions du CIO sont illégales, injustes et inacceptables. Nous sommes scandalisés par [ces] conditions discriminatoires sans précédent», a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe. «C'est la destruction de l'idéal de l'olympisme», a jugé celui du Kremlin.
Dépouillés de leurs couleurs nationales, les sportifs des deux pays devraient être peu nombreux : seuls 12 Russes et sept Biélorusses se sont pour l'heure qualifiés, sur les 6 000 tickets déjà attribués, a expliqué James Macleod.
Les experts de l'instance olympique projettent, «selon le scénario le plus probable», que 36 Russes et 22 Biélorusses franchiront l'obstacle de la qualification. Mais ils devront encore se soumettre à un «comité d'examen», qui exige en particulier qu'ils n'aient pas activement soutenu l'assaut russe contre l'Ukraine.
Selon RIA Novosti, le lutteur et champion olympique russe Musa Evloev a été éliminé pour une photo de lui-même devant une affiche portant l’inscription «Non au nazisme».
Jusqu'ici la Russie ne prévoit pas de boycott de protestation des JO, avait indiqué mi-mars le ministre des Sports. Mais la décision formelle n'a pas encore été prise.
En octobre dernier, le président russe Vladimir Poutine avait regretté la politique du CIO, qui «contredit la nature même du sport». Fustigeant une «discrimination ethnique», le président russe avait estimé que ces restrictions – frappant tous les athlètes russes et biélorusses – montraient que les JO «pouvaient être utilisés comme un moyen de pression politique contre des gens qui n’ont rien à voir avec la politique».